20 villes africaines et européennes coopèrent avec la recherche pour une alimentation durable

Science en action 26 juin 2023
C’est une première, un projet européen concernant l’Afrique initié, monté et piloté par des institutions africaines. AfriFOODlinks, c’est son nom, implique quinze villes africaines. Dans cinq d’entre elles, le projet va expérimenter des changements de l’environnement alimentaire des consommateurs et des artisanes-vendeuses d’aliments pour améliorer la sécurité alimentaire et promouvoir une gouvernance intersectorielle des politiques alimentaires urbaines.
© P. Currie, ICLEI Afrique
© P. Currie, ICLEI Afrique

© P. Currie, ICLEI Afrique

La semaine dernière, la ville de Kisumu au Kenya a accueilli près de 80 participants et participantes au projet AfriFOODlinks : scientifiques, responsables politiques, agents municipaux et de développement.

C’est le premier projet financé par l’Europe concernant l’Afrique, qui est initié, monté et piloté par des institutions africaines et en particulier ICLEI Afrique (Gouvernements locaux pour le développement durable) qui en assure la coordination générale depuis Le Cap, en Afrique du Sud. Au total, 26 organisations, majoritairement africaines, sont engagées dans ce projet.

Afrifoodlinks logo

Une souveraineté scientifique de l’Afrique

Les partenaires d’AfriFOODlinks revendiquent une souveraineté scientifique de l’Afrique et souhaitent mettre d’abord la recherche au service des acteurs des systèmes alimentaires qui partagent des valeurs d’apprentissage mutuel des savoirs scientifiques et expérientiels, d’inclusion sociale et de renforcement des communautés, de collaboration équilibrée, de gestion commune de l’inattendu et de forte prise en compte des enjeux de durabilité environnementale, sanitaire, sociale, culturelle et politique.

Faire évoluer les écosystèmes alimentaires vers plus d’équité et de durabilité

Le projet vise à expérimenter des changements des environnements alimentaires urbains pour favoriser l’accès à toutes et tous à des produits sains et nutritifs, à accélérer le développement d’activités de transformation et de distribution alimentaire gérées par les femmes et les jeunes, à promouvoir une gouvernance intersectorielle des politiques alimentaires urbaines dans cinq villes africaines : Le Cap en Afrique du Sud, Kisumu au Kenya, Mbale en Ouganda, Ouagadougou au Burkina Faso et Tunis en Tunisie.

Cinq villes européennes, dont Montpellier, et dix autres villes africaines* participeront aux échanges et capitaliseront leurs expériences. Elles alimenteront ainsi les réflexions d’un réseau de plus de 45 agglomérations du monde : les villes signataires du Pacte de Milan par lequel elles se sont engagées dans des politiques urbaines pour une alimentation durable.

Le Cirad coordonne avec l’African population and health research center (APHRC, basé à Nairobi) un volet du projet dédié à l’expérimentation de changements des environnements alimentaires et l’analyse de leurs effets sur les consommateurs et les artisanes alimentaires.

Une leçon africaine sur une autre façon de coopérer

Après six mois de démarrage et de nombreuses réunions en visioconférence, les partenaires sont enfin réunis en présentiel. L’organisation et l’animation tout au long de la semaine ont surpris par leur originalité. Au travers de nombreuses activités interactives, priorité a été donnée à la création de relations de confiance interpersonnelle, à la construction et à la mise en pratique dans toutes les activités du projet de valeurs éthiques et de responsabilité sur les questions de genre et d’intersectionnalité, assumées comme des principes fondamentaux du projet. Une leçon africaine sur une autre façon de faire de la recherche et de la coopération.

Première réunion en présentiel du projet AfriFOODlinks

* Antananarivo (Madagascar), Arusha (Tanzanie), Bukavu (RDC), Dakar (Sénégal), Lusaka (Zambie), Niamey (Niger), Quelimane (Mozambique), Rabat (Maroc), Tamale (Ghana), Windhoek (Namibie).