Regard d'expert 12 août 2024
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Covid-19 & Sécurité alimentaire | Comment la Côte d’Ivoire protège ses systèmes alimentaires locaux
À Abidjan et dans les principales villes ivoiriennes, les restrictions liées à la crise du Covid-19 ont profondément bousculé les habitudes des habitants. Néanmoins, malgré le couvre-feu, l’interdiction des rassemblements, la fermeture des restaurants populaires – les « maquis » - et l’isolement de la capitale, la population peut toujours accéder aux produits de base de son alimentation traditionnelle.
Des produits vivriers locaux disponibles
En Côte d’Ivoire, la sécurité alimentaire repose sur une large gamme de produits vivriers locaux, qui forment la base des plats traditionnels (attiéké, foutou, toh, etc.) : tubercules (manioc, igname, patates douces), bananes plantains et céréales (maïs, mil, riz…) notamment.
Pour tous ces produits, le pays dispose de stocks de sécurité qui permettent de limiter les ruptures d’approvisionnement en cas d’aléas. À l’heure actuelle, les données gouvernementales indiquent, pour les tubercules et les bananes, une disponibilité de 3 à 6 mois.
Pour ce qui est du mil, du maïs et du riz local, la situation est plus délicate. Les stocks n’offrent qu’un seul mois de disponibilité et les réserves de riz importé ne couvriront que quatre mois de consommation.
Enfin, si les productions maraîchères du début de l’année peuvent répondre aux besoins de la population jusqu’à la fin du deuxième trimestre, les plantations du mois de mars ont néanmoins pris du retard en raison du contexte (i).
Afin de soutenir la production vivrière, maraîchère et fruitière, le gouvernement a annoncé un plan exceptionnel de soutien d’un montant de 50 milliards de francs CFA.
Pour ce qui est des produits animaux, les Ivoiriens ne bénéficient que d’un mois – pour les produits de la pêche – à trois mois de stock pour les animaux d’élevage. Les besoins carnés sont néanmoins complétés par la viande de brousse (biches, agoutis…), toujours consommée en dehors d’Abidjan malgré l’interdiction liée au virus. Ces produits sont également largement importés, mais jusqu’à quand ?
Des espaces de commercialisation qui restent ouverts
La disponibilité et la diversité des produits qui font l’assiette des Ivoiriens restent donc dans l’ensemble rassurantes. Il reste toutefois à garantir l’approvisionnement des lieux de commercialisation du pays.
Depuis le 29 mars dernier, la circulation des personnes entre la capitale et le reste du pays est interdite. Mais un système d’autorisation, mis en place par le gouvernement ivoirien, permet d’approvisionner les villes et notamment la capitale en produits vivriers. Et le port d’Abidjan est toujours opérationnel.
Le gouvernement a, par ailleurs, décidé de laisser ouverts tous les marchés traditionnels et hypermarchés modernes. Il mise sur une forte implication des autorités locales, les maires notamment, pour y faire respecter les mesures sanitaires requises. Les mains doivent être lavées à l’entrée, le port du masque est obligatoire et les lieux sont régulièrement désinfectés. Seule la distanciation physique reste compliquée à mettre en œuvre.
Le système traditionnel représente environ 75 % de la source d’approvisionnement des ménages en denrées alimentaires et génère un chiffre d’affaires d’environ 6.000 milliards de francs CFA. On dénombre à minima 500.000 commerçants qui exercent dans les marchés sur le territoire national (ii). Pour l’instant, les prix des principaux produits vivriers sont relativement stables.
Quant au réseau de chaînes d’hypermarchés, supermarchés et supérettes, il réalise 25 % du volume des ventes en matière de besoins alimentaires et affiche un chiffre d’affaires estimé à 2.000 milliards FCFA (ii). Ce secteur génère environ 7.500 emplois et distribue (hors frais) principalement des produits importés, notamment depuis la France.
Comme partout dans le monde, les supermarchés ont été pris d’assaut dès les premières rumeurs du confinement. Et il n’est pas rare de voir des rayons littéralement dévalisés par peur d’une pénurie. Une situation qui ne pourra que s’aggraver si la crise dure et que l’approvisionnement issu de la production ou des importations diminue.
(i) source : ministère de l’Agriculture et du Développement rural
(ii) source : ministère du Commerce et de l’Industrie