Promouvoir un développement durable de l’élevage au Vietnam

Vient de sortir 26 mars 2020
Au Vietnam, les firmes privées dans le secteur de l’élevage se développent à une vitesse effrénée, telle une course à la démesure. L’impact social et environnemental de cette industrialisation rapide ne fait aucun doute. Mettant en lumière ce développement décomplexé, l’Atlas des transitions de l’élevage au Vietnam souligne les limites de ce modèle et invite à envisager des modes de développement plus durables dans ce secteur.
Troupeau laitier de la ferme VN FutureMilk au nord d'Hanoï (2013) © Jean-Daniel Cesaro, Cirad
Troupeau laitier de la ferme VN FutureMilk au nord d'Hanoï (2013) © Jean-Daniel Cesaro, Cirad

Troupeau laitier de la ferme VN FutureMilk au nord d'Hanoï (2013) © Jean-Daniel Cesaro, Cirad

Atlas des transitions de l’élevage au Vietnam - J.-D. Cesaro, G. Duteurtre, Nguyen Mai Huong Coéd. IPSARD-CIRAD, 2019

Il existe aujourd’hui au Vietnam, comme dans de nombreux autres pays d’Asie du Sud Est, une dynamique d’industrialisation très rapide du secteur élevage. Entre 2000 et 2015, le cheptel avicole vietnamien a doublé, le nombre de porcs à l’engrais est passé de 21 à 28 millions de têtes, et le troupeau de vaches laitières a été multiplié par 7. Cet essor particulièrement rapide des productions animales compromet la durabilité des trajectoires actuelles de développement au sein de ce pays densément peuplé.

Souvent concentrés autour des grandes villes, les élevages sont de plus en plus gros et de plus en plus intensifs, avec un nombre croissant de fermes modernes utilisant des technologies importées. Dans de nombreuses régions d’élevage, les petites exploitations diversifiées sont remplacées par de grandes exploitations spécialisées dans une seule production.

Ce développement répond à une demande croissante pour des produits standardisés relayée par les firmes de l’agroalimentaire. Les provendiers, les laiteries, les industries de transformation de la viande, ou la grande distribution orientent ces trajectoires de développement à leur profit. Elles répondent à la demande urbaine en pleine croissance, mais font peser des risques importants sur l’environnement, la santé et l’organisation sociale des territoires.

Un outil précieux d’aide à la décision pour des trajectoires de développement durable

L’Atlas des transitions de l’élevage au Vietnam documente ces transformations. À l’aide de plus de 100 cartes et graphiques, il invite à une gestion plus raisonnée du développement de l’élevage au Vietnam. À ce titre, il constitue un outil d’aide à la décision précieux pour promouvoir des trajectoires de développement durable.

Car les décideurs ont le pouvoir d’arbitrer entre les impacts économiques, environnementaux et sociaux de cette industrialisation, en veillant notamment à davantage d’inclusion au sein de ces filières en faveur des petits producteurs.

Il s’agit par exemple de limiter les effluents dans les nappes phréatiques, de promouvoir les échanges de matière organique entre zones d’élevage intensif et exploitations agricoles, ou plus généralement une meilleure intégration des activités d’élevage dans les écosystèmes cultivés.

Il s’agit également de soutenir les éleveurs qui adoptent de nouvelles technologies et pratiques pour réduire leur impact sur l’environnement tout en permettant une production intensive agroécologique à proximité des villes. Il s’agit aussi de promouvoir les exploitations de taille moyenne, mieux à même de prendre en compte les contraintes d’un espace très contraint.

Commercial pig farms on the outskirts of Hanoi © Jean-Daniel Cesaro, CIRAD

Replacer l’emploi et les populations rurales au cœur des politiques d’aménagement des territoires

Plus que jamais, il convient enfin de replacer l’emploi et les populations rurales au cœur des politiques d’aménagement des territoires. Ces politiques doivent notamment s’appuyer sur des partenariats gagnant-gagnant entre sociétés privées, exploitations familiales et autorités locales, afin d’encourager la complémentarité entre activités d’élevage et activités agricoles pour une gestion durable des écosystèmes.

Pour réaliser cet atlas, les équipes de recherche se sont appuyées sur les données issues des recensements agricoles et ruraux menés par le bureau général des statistiques du Vietnam en 1994, 2001, 2006, 2011 et 2016. Ces données ont été complétées par des photos satellites, des données d’enquête et des observations de terrain.

Édité par le Cirad et l’IPSARD, l’Atlas des transitions de l’élevage au Vietnam constitue une synthèse de cinq années de recherche menées dans le cadre du projet Revalter (2013-2016).

Le projet REVALTER (2013-2016)
Le projet Revalter a été financé par L’Agence nationale de la recherche (ANR), avec le soutien de la plateforme MALICA (Markets and agricultural linkages for cities in Asia). Il visait à promouvoir une nouvelle vision du développement de l'élevage au Vietnam, pays confronté à une intensification et une industrialisation extrêmement rapides du secteur.Les résultats qui en sont issus montrent qu'il n'existe pas une voie unique de modernisation vers les changements d'élevage au Vietnam. Divers systèmes apportent des solutions différentes aux défis de la production rentable, de la sécurité alimentaire, de la gestion des déchets et de l'emploi rural. Les systèmes fonciers à petite échelle et à forte intensité de main-d'œuvre peuvent jouer un rôle important aussi bien que les systèmes à grande échelle.