Lutte antivectorielle : le projet OpTIS entre en phase opérationnelle à La Réunion

Science en action 28 août 2025
Depuis plusieurs années, la lutte antivectorielle est au cœur des préoccupations sanitaires à La Réunion, notamment depuis la survenue régulière d’épidémies de dengue et de chikungunya. L’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) mutualisent leur expertise dans l’objectif d’intégrer la Technique de l’Insecte Stérile (TIS) aux opérations courantes de lutte antivectorielle et de prévention des arboviroses à La Réunion. Dans ce contexte, les premiers lâchers de moustiques mâles stériles imprégnés de larvicide ont eu lieu ce mardi 26 août. Financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER), la Région Réunion, le Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et le Ministère de la santé, le projet a pour objectif principal d’améliorer l’efficacité de la TIS contre Aedes albopictus tout en l’élargissant aux autres vecteurs qui partagent les mêmes gîtes larvaires, en particulier Aedes aegypti.
Moustiques mâles stérilisés lâchés dans le cadre du projet OpTIS. © Cirad
Moustiques mâles stérilisés lâchés dans le cadre du projet OpTIS. © Cirad

Moustiques mâles stérilisés lâchés dans le cadre du projet OpTIS à La Réunion (commune de St Joseph). © Cirad

Le projet OpTIS (Opérationnalisation de la Technique de l’Insecte Stérile contre les Aedes vecteurs de maladies à La Réunion)* entre en phase opérationnelle, avec les premiers lâchers de moustiques mâles stériles imprégnés à Langevin à La Réunion.

Avant ce projet , l’IRD et le Cirad avaient déjà mis en place deux projets emblématiques dans ce domaine. Depuis 2009, l’IRD a ainsi coordonné un projet d’étude de faisabilité puis la mise en place d’un essai pilote de la TIS à Sainte-Marie (La Réunion) contre Aedes albopictus. Cet essai pilote de la TIS, conduit de juillet 2021 à juillet 2022, a abouti à une stérilité induite de plus de 60 %.  De 2016 à 2021, le Cirad a, lui, coordonné le projet de recherche Revolinc, en partenariat avec l’IRD et financé par le Conseil Européen de la Recherche (ERC), ayant abouti à un essai pilote de « TIS renforcée » contre Aedes aegypti à Saint-Joseph, en 2021. La réduction de cette population a atteint 91 % en fin d’essai avec, dans une moindre mesure, une réduction des densités d’Aedes albopictus.  

Le projet OpTIS, co-porté par ces deux instituts avec l’appui de la mairie de Saint-Joseph, vise à mesurer l’efficacité et l’acceptabilité sociale de la « TIS renforcée », en visant cette fois le vecteur majeur de la dengue à La Réunion, l’Aedes albopictus. Dans sa version renforcée, la TIS est potentialisée par l’utilisation d’un larvicide, le pyriproxifène, biocide de troisième génération utilisé à très faible concentration (10 fois moins que la dose recommandée par l’OMS dans l’eau buvable) et de manière ciblée dans l’espace et dans le temps.

Le projet OpTIS  a plusieurs objectifs : 

  • Affranchir les limites biologiques de la TIS liées au flux entrant de femelles fertiles en zone de lutte et/ou de mortalité densité-dépendante des larves dans les gîtes larvaires ; 
  • Réduire les coûts de production des mâles stériles de moustiques, facilitant ainsi leur production industrielle ;
  • Évaluer la perception et l’acceptabilité de cette technologie innovante de contrôle vectoriel par les populations ;
  • Définir de nouvelles stratégies intégrées de lutte antivectorielle et de prévention/réduction des risques épidémiques, combinant cet outil avec la TIS classique et la destruction des gîtes larvaires, de manière ciblée dans l’espace et le temps, aboutissant à une forte réduction de l’utilisation des insecticides ; 
  • Transférer la technologie vers une start-up locale afin de pérenniser l’utilisation de cette méthode si son efficacité, son innocuité et son acceptabilité étaient validées. 

Ainsi, le projet OpTIS à Saint-Joseph constitue un essai de suppression d’Aedes albopictus par la TIS renforcée, à grande échelle et en conditions opérationnelles. Outre les indicateurs entomologiques et environnementaux, il tiendra compte des indicateurs épidémiologiques de transmission des virus de la dengue et du chikungunya ainsi que des indicateurs psychométriques (mesure de l’exposition perçue aux moustiques et de l’acceptabilité de la TIS renforcée). La première enquête de perception et de prévalence sérologique a été menée avec l’appui d’IPSOS de juillet à août 2025.

Encadrés par un arrêté préfectoral (délivré le 4 avril 2025), les essais dureront 18 mois et comporteront deux phases :

  1. D’abord, des lâchers, durant 6 mois, sur 60 hectares, d’août 2025 à février 2026, à raison de 1000 mâles stériles imprégnés/hectare/semaine ; 
  2. Puis, des lâchers, pendant 12 mois, sur 175 hectares, de mars 2026 à février 2027, toujours à raison de 1000 mâles stériles imprégnés/hectare/semaine. 

Depuis 2021, Saint-Joseph s’est pleinement engagée aux côtés de ses partenaires pour accompagner l’expérimentation de la technique de l’insecte stérile.  

 

Aujourd’hui, avec les premiers lâchers opérationnels de moustiques mâles stériles à Langevin, notre commune devient le terrain pionnier du projet OpTIS, une innovation scientifique et environnementale majeure dans la lutte antivectorielle à La Réunion.  

 

C'est un projet réunionnais pour les réunionnais qui illustre parfaitement notre savoir-faire. Il ouvre la voie à une réponse durable face aux menaces que représentent les maladies transmises par les moustiques.

 

Notre île porte toujours les cicatrices de ces épidémies et la menace demeure malheureusement toujours d'actualité.  Saint-Joseph est fière d'être partenaire de ce projet qui pourra profiter à toute l'île, voire à d’autres territoires confrontés aux mêmes enjeux.

Patrick Lebreton
Maire de Saint-Joseph

 

 

Le projet OpTIS est co-financé par l'Union européenne et la Région Réunion. le Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et le Ministère de la santé.  L'Europe s'engage à La Réunion avec le FEDER.

Le projet OpTIS est co-financé par l'Union européenne et la Région Réunion. le Ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur et le Ministère de la santé. L'Europe s'engage à La Réunion avec le FEDER.