Brucella, la bactérie prise la main dans le sac… de bonbons

Résultats & impact 2 avril 2024
Une équipe scientifique internationale vient de mettre à jour le mécanisme par lequel la bactérie responsable de la brucellose* manipule les processus cellulaires de son hôte pour assurer sa survie et sa prolifération. Cette découverte offre de nouvelles perspectives sur les infections bactériennes et ouvre la voie au développement de traitements innovants.

Image représentant de gauche à droite : une structure 3D de la protéine Rhg1, puis son expression dans la cellule hôte.

Une nouvelle étude, publiée dans Cell Host & Microbe, avec la collaboration de chercheurs du Cirad, révèle comment une bactérie – Brucella, l'agent causal de la brucellose - détourne le métabolisme des sucres de sa cellule hôte pour favoriser son infection.

Le rôle crucial de la protéine Rhg1

Sous la direction de Paul de Figueiredo, bactériologiste à l’Université du Missouri, l'équipe scientifique s'est concentrée sur une protéine appelée Rhg1, une protéine de virulence sécrétée par la bactérie. Elle lui permet de manipuler les cellules de son hôte pour survivre et se multiplier.

Les chercheurs ont ainsi pu démontrer que cette protéine induit une reprogrammation globale du N-glycome de la cellule hôte, soit l'ensemble des sucres attachés aux protéines d'une cellule.

Cette reprogrammation aide les bactéries à vivre à l’intérieur des cellules en interagissant avec un ensemble de molécule appelé le complexe OST, crucial pour la glycosylation des protéines, un processus fondamental pour le pliage et la stabilité des protéines.

Échapper à la réponse immunitaire de l'hôte

La manipulation du N-glycome de l'hôte par Rhg1 est une stratégie élaborée pour échapper à la réponse immunitaire de l'hôte. Un aspect jusqu'alors inexploré de la pathogenèse bactérienne...

Comprendre comment Brucella altère les fonctions des cellules hôtes ouvre des voies inédites pour des interventions thérapeutiques contre la brucellose, une maladie zoonotique touchant des millions de personnes dans le monde.

Damien Meyer
bactériologiste au Cirad et co-auteur de l’étude

De nouvelles perspectives thérapeutiques

Cette étude éclaire non seulement les interactions sophistiquées entre le pathogène et l'hôte, mais fournit également une base pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à cibler les mécanismes de manipulation bactérienne.

Selon Damien Meyer, "c'est un pas en avant important dans la lutte contre les maladies infectieuses".

*La brucellose : une maladie zoonotique majeure
La brucellose est une maladie transmise à l'homme principalement par les ruminants domestiques infectés par la bactérie Brucella. Les humains contractent la maladie par contact direct avec des animaux infectés ou par la consommation de produits animaux contaminés. Elle a des impacts sanitaires et économiques significatifs à l'échelle mondiale.

Référence

Cabello et al., Brucella-driven host N-glycome remodeling controls infection, Cell Host & Microbe (2024)
https://doi.org/10.1016/j.chom.2024.03.003