Cacao Forest : vers une cacaoculture durable en République dominicaine

Résultats & impact 5 décembre 2023
Coordonné par Earthworm Foundation et le Cirad, Cacao Forest est né d’une alliance inédite entre chocolatiers français* et institutions de recherche et d’enseignement supérieur**, avec le soutien de l’Agence Française de Développement et du fonds de dotation TERRA ISARA. Cette initiative, mise en œuvre en République dominicaine, premier producteur mondial de cacao bio, visait à augmenter le revenu des producteurs et garantir la qualité et la pérennité des approvisionnements en fèves de cacao via l’agroforesterie. Les résultats du projet seront présentés le 7 décembre.

Un des modèles agroforestiers développés dans le cadre du projet Cacao Forest (Province de Duarte, République Dominicaine) © O. Deheuvels, Cirad

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En 2016,  Cacao Forest s’est engagé dans une collaboration fructueuse avec des producteurs dominicains réunis autour de 3 coopératives (CONACADO, COOPROAGRO, FUNDOPO) en partenariat avec les institutions locales impliquées dans la filière cacao, tant publiques (Ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, Centre de Recherche IDIAF, Université UASD) que privées (Commission Nationale du Cacao, Universités ISA, UNEV, et PUCMM, Fondation FUPAROCA) pour concevoir ensemble des modèles agroforestiers durables en alternative aux systèmes existants. Plus de 1 900 producteurs étaient visés par le projet.

Quatre modèles de culture agroforestière du cacaoyer ont été conçus par les producteurs dominicains puis testés (de 2018 à ce jour) sur un réseau expérimental de 54 parcelles créées en conditions paysannes réelles chez 35 producteurs et dans 3 sous-régions, couvrant une superficie expérimentale de 13,5 hectares suivis et évalués au quotidien pendant plus de 3 ans.

Les impacts de l’agroforesterie sur les revenus et la biodiversité

Eusebio Lopez, producteur membre de CONACADO - République Dominicaine © O. Deheuvels, Cirad

Les résultats montrent des avantages notables tels que l’augmentation des revenus des producteurs (de moins de 2 000 $US par hectare et par an à plus de 7 000 $US selon les modèles), une meilleure gestion de la biodiversité cultivée, et la diversification raisonnée des sources de revenus pour les agriculteurs impliqués.

Plus de 70 plantes cultivées avec le cacaoyer ont été identifiées en République dominicaine, conduisant à un travail de sélection et de comparaison qui a permis de cibler six produits transformés et à forte valeur ajoutée, à base de fleur d’oranger amer, de sapotille, de fleur d’hibiscus, de gingembre, de curcuma, et de rocou.

La formation des producteurs au cœur du projet

La formation des producteurs et des techniciens a permis d’améliorer les performances des cacaoyères (cacao et autres produits valorisés), mais aussi de rendre la culture du cacaoyer plus attractive pour les familles et les jeunes générations. Une formation courte et appliquée en agroforesterie pour la culture du cacaoyer a également été construite avec l’université dominicaine UNEV.

Une transformation visée à plus grande échelle et des partenariats durables

Le projet Cacao Forest a travaillé à la construction, puis à la validation de ses modèles agroforestiers en collaborant de manière continue et étroite avec les acteurs locaux de la filière cacao.

« La qualité des partenariats construits a abouti dès 2022 au choix des modèles développés par Cacao Forest par nos partenaires dominicains pour un projet national ambitieux de réhabilitation agroforestière de plus de 172 000 hectares de plantations dominicaines, baptisé PRACAO » révèle Olivier Deheuvels, coordinateur scientifique du projet, et agroécologue au Cirad.

Etalé sur 12 années, ce projet né de Cacao Forest sera financé par un prêt de la coopération française (AFD) à l'Etat dominicain. Il est d’ores et déjà soumis au budget de l’état dominicain pour un démarrage en 2024.

« Ce nouveau projet permettra la réhabilitation des cacaoyères à travers le pays sur la base des modèles agroforestiers développés par Cacao Forest, avec un renforcement continu et la génération de bases scientifiques solides, le tout en mettant l'accent sur la résilience économique des familles », déclare Sébastian Cardenas, coordinateur du projet Cacao Forest pour Earthworm Foundation. Il permettra également au secteur cacao dominicain de s’adapter aux dernières normes et réglementations pour garantir une production responsable en cacao sur les marchés nationaux et internationaux, libre de déforestation et dans le respect du droit du travail.

Leçons apprises et appels à l'action

Cacao Forest met en évidence la pertinence d'une approche holistique multisectorielle pour renforcer la résilience du secteur du cacao et garantir un approvisionnement responsable, tant d’un point de vue social et économique qu’environnemental.

Le projet a ainsi ouvert la voie à une nouvelle ère de durabilité dans la filière cacao. Ces résultats prometteurs appellent à davantage d’investissements dans la recherche et le développement de systèmes agricoles pérennes pour les communautés paysannes et les écosystèmes cultivés.

*Valrhona, Ecotone, Weiss, Révillon, Voisin, Relais Desserts et Carambar & co
** Cirad, ISARA

 

À propos d’Earthworm Foundation

Earthworm Foundation est une organisation internationale à but non lucratif qui collabore avec les entreprises, la société civile, les communautés locales et les gouvernements pour réduire l’impact environnemental et social des chaînes d’approvisionnement. Nous travaillons sur les cinq continents pour restaurer les forêts, régénérer les sols et protéger les communautés dans les lieux de production et d’extraction de matières premières. Nous accompagnons les entreprises dans la conception de politiques d’approvisionnement responsable et la mise en œuvre de solutions respectueuses de l’environnement et de l’humain.

A propos du Cirad

Le Cirad est l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes. Avec ses partenaires, il co-construit des connaissances et des solutions pour des agricultures résilientes dans un monde plus durable et solidaire. Il mobilise la science, l’innovation et la formation afin d’atteindre les objectifs de développement durable. Il met son expertise au service de tous, des producteurs aux politiques publiques, pour favoriser la protection de la biodiversité, les transitions agroécologiques, la durabilité des systèmes alimentaires, la santé (des plantes, des animaux et des écosystèmes), le développement durable des territoires ruraux et leur résilience face au changement climatique. Présent sur tous les continents dans une cinquantaine de pays, le Cirad s’appuie sur les compétences de ses 1700 salariées et salariés, dont 1140 scientifiques, ainsi que sur un réseau mondial de 200 partenaires. Il apporte son soutien à la diplomatie scientifique de la France.