Les scientifiques proposent un outil pour identifier les zones les plus vulnérables au changement climatique

Science en action 29 mars 2019
Les scientifiques du CIAT, en collaboration avec le Cirad, ont créé un outil d'évaluation de la vulnérabilité au risque climatique. Objectif : identifier les communautés rurales qui ont le plus besoin d'aide pour s'adapter au changement climatique. En déterminant les zones où la sécurité alimentaire est la plus menacée par le changement climatique, l'outil peut aider à prioriser les dépenses climatiques. Les résultats obtenus grâce à cet outil ont été publiés le 27 mars dans PLOS ONE pour trois pays : le Vietnam, en Ouganda et au Nicaragua.
Vulnérabilité au changement climatique (2050) sous un scénario d’émissions élevées au Nicaragua, Ouganda et Vietnam. © L. Parker, C. Bourgoin A. Martinez-Valle, P. Läderach (PLOS ONE)

La vulnérabilité* au changement climatique de différentes zones de cultures situées au Vietnam, en Ouganda et au Nicaragua vient d’être publiée le 27 mars dans PLOS ONE grâce à un nouvel outil d’évaluation, élaboré par les scientifiques du CIAT et du Cirad. « Pour tester notre outil, nous avons volontairement choisi des pays en développement très contrastés et particulièrement menacés par le changement climatique, dont une part importante de la main-d'œuvre et de l’économie est consacrée à l'agriculture » , souligne Clément Bourgoin, doctorant en géographie co-encadré par le Cirad et le CIAT. Ces trois pays incarnent en effet bon nombre des chocs climatiques à venir, notamment la propension à la sécheresse, aux inondations et aux températures extrêmes.

L’étude a évalué l’impact du climat sur les cinq cultures les plus importantes pour la sécurité alimentaire des trois pays étudiés en utilisant un scénario d'émissions élevées, par exemple au Vietnam : le riz, le maïs, les haricots, le café et le cacao.

Vulnérabilité du maïs au changement climatique (2050) sous un scénario d’émissions élevées au Vietnam. © L. Parker, C. Bourgoin A. Martinez-Valle, P. Läderach (PLOS ONE)

Au Vietnam, les résultats mettent en évidence trois zones critiques pour l’agriculture, considérées comme des points chauds de vulnérabilité : le delta du Mékong, la région nord-ouest et les hautes terres centrales. En 2050, plus de 95 % du delta du Mékong - la principale région rizicole du Vietnam, le cinquième plus grand producteur de riz au monde - perdront leur capacité climatique pour la culture du riz car ils seront davantage exposés à la sécheresse et à l’élévation du niveau de la mer. Fort heureusement, les infrastructures déjà développées et les niveaux d'éducation élevés laissent espérer une capacité d'adaptation relativement élevée.

Une méthodologie d’évaluation des risques liés au climat novatrice

Cette méthodologie d’évaluation des risques liés au climat (Climate Risk Vulnerability Assesment) est totalement novatrice, car elle intègre un large éventail de risques naturels, de cultures et des indicateurs de capacité d’adaptation. Les résultats sont obtenus, à une échelle aussi fine qu’un district, ce qui permettra aux décideurs nationaux de cibler les zones à soutenir en priorité.

« Cet outil sera d’une grande aide pour les décideurs pour identifier les communautés rurales les plus vulnérables et prévoir les aides nécessaires pour qu’elles s’adaptent, en particulier dans les pays tropicaux fortement touchés par le changement climatique » , soulignent Louis Parker, auteur principal de l'étude, et Peter Läderach du programme de recherche du CGIAR sur le changement climatique, l'agriculture et sécurité alimentaire, au CIAT.

« L’outil est conçu pour être robuste, reproductible et suffisamment souple pour prendre en compte les contraintes de certains pays en développement où les données sont rares, en s’appuyant autant que possible sur des jeux de données nationaux » , précise Clément Bourgoin. « Il pourra être appliqué à d'autres régions du monde » .

* Dans cette étude, la vulnérabilité est entendue, au sens du Groupe d’experts intergouvernemental sur les changements climatiques (GIEC), comme une combinaison de l’exposition aux dangers naturels, de la sensibilité aux changements climatiques et à leurs impacts, et de la capacité d'adaptation d’une communauté à faire face à ces impacts.