Science en action 17 septembre 2024
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Sécurité alimentaire : innover pour mieux gérer la ressource en eau au Maghreb
Certaines zones de l’arrière-pays du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie sont le théâtre d’extensions agricoles rapides, dont le dynamisme accroît les pressions sur les ressources en eau. La ressource s’épuise, ce qui peut causer des problèmes d’inégalités et menacer la durabilité de l’activité agricole dans ces zones.
« L’eau joue un rôle fondamental dans tous les écosystèmes. La gestion des ressources en eau est donc une préoccupation au cœur des stratégies et des politiques mondiales pour le développement durable et la sécurité alimentaire » , a rappelé Stéfano Farolfi, spécialiste de la gestion de l’eau au Cirad, durant le lancement du projet Massire* à Rabat le 2 mai dernier. Contribuer à améliorer l’efficience de l’eau dans ses utilisations agricoles, notamment collectives, et faciliter la coordination entre acteurs pour son partage entre différents usages et la préservation de sa qualité est de plus l’un des 15 engagements du Cirad dans sa nouvelle vision stratégique » , a –t-il précisé.
« Avec le changement climatique, la gestion de l’eau constitue un enjeu scientifique et de développement majeur » , a également insisté Michel Eddi, PDG du Cirad, lors de la signature de l’accord-cadre avec le FIDA le 29 avril pour le financement du projet Massire.
D’une durée de 4 ans, ce projet vise à identifier et expérimenter de manière concertée avec les acteurs locaux - en particulier les jeunes femmes et hommes ruraux, issus de la petite agriculture familiale - des innovations techniques (goutte à goutte enterré, nouvelles technologies de pompage solaire, réutilisation des eaux usées) et organisationnelles (gouvernance de l’eau, systèmes d’innovation). Il s’agit aussi d’explorer les pratiques d’irrigation et agricoles, souvent inspirées de l’agroécologie, qui présentent le plus fort potentiel pour renforcer la résilience de ces territoires. Le projet évaluera l’impact de ces innovations et les adaptations nécessaires à faire face aux changements environnementaux et sociétaux.
« L’enjeu du projet est de positionner les petits agriculteurs familiaux au cœur de systèmes d’innovations agricoles et ruraux durables, où ils pourront agir continuellement avec les acteurs de l’innovation » , précise Marcel Kuper du Cirad, coordinateur du projet Massire. Le projet assurera ainsi le renforcement des capacités de ces acteurs de la gestion de l’eau, par de la formation et de la mise en réseau. Il aboutira au développement d’un réseau de connaissance à l’échelle de l’Afrique du Nord reliant les jeunes femmes et hommes ruraux des zones marginales, à d’autres acteurs, telles que des associations d’irrigants, des coopératives d’agriculteurs, des ONG, des administrations, des chercheurs, mais aussi des start-ups locales…
« Le FIDA mobilise des partenariats efficaces susceptibles de mettre à profit leurs divers avantages comparatifs et expertise, de manière à ce que cette communauté d’efforts se traduise par un impact plus important », souligne Naoufel Telahigue, Directeur du bureau sous-régional et Directeur pays au sein de la Division Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe et Asie Centrale du FIDA. « Le projet Massire permettra de renforcer les capacités des populations rurales et leur accès aux actifs, aux technologies, aux services et aux marchés dont ils ont le plus besoin pour pouvoir monter des entreprises agricoles à la fois rentables et durables. »
* Massire : intégration des multiples sources d’eau et institutions locales pour l’amélioration de la sécurité alimentaire
Le projet Massire est porté par les différentes institutions du dispositif en partenariat (dP) Sirma, qui accompagne les acteurs de l’eau agricole au Maghreb depuis bientôt 20 ans. L’INAT et l’INRGREF en Tunisie, le CREAD et le CU de Tipaza en Algérie, l’ENA de Meknes et l’IAV Hassan II au Maroc, et le CLERSE/Lille et l’Irstea en France.