Du côté des thèses… Vers l’autonomie alimentaire et électrique de l’île de La Réunion ?

18/08/2023
Le 29 juin 2023, Valentin RUSSEIL a soutenu sa thèse de doctorat portant sur le recours à la modélisation spatiale dynamique et l’anticipation participative pour obtenir des informations actualisées et fiables et établir des scénarios prédictifs dans le cadre de recherche sur l’autonomie alimentaire et énergétique de La Réunion.

© Ocelet permet de modéliser l'évolution des territoires (© Cirad)

© Cirad

Son titre :

 Perspectives d’autonomisation alimentaire-électrique de l’île de La Réunion : enseignements de la modélisation spatiale dynamique et de l’anticipation participative

Sa problématique :

Située dans l’océan Indien, l’île de La Réunion est une région d’outre-mer française présentant une forte dépendance alimentaire et énergétique aux importations, ce qui est une source critique de vulnérabilité en cas de dysfonctionnement des chaînes d’approvisionnement mondialisées. La volonté d’une plus grande autonomie dans ces deux secteurs est appuyée par les politiques publiques avec en premier lieu, la loi de transition énergétique en 2015. Elle planifie pour les territoires d’outre-mer un objectif d’autonomie énergétique et de développement des énergies renouvelables pour substituer complètement les énergies fossiles en 2030. Sa traduction opérationnelle est la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui planifie à horizon 2028 la politique en matière d’énergie, compétence de la région Réunion (Région Réunion, 2022). D’autre part, le dernier Schéma Régional Climat Air Energie mentionne l’ambition de sécurité alimentaire (Région Réunion, 2013) tandis qu’une initiative récente portée par le Département de La Réunion (“Plan AGRIPéi 2030”) fixe des objectifs concrets pour aller vers l’autonomie alimentaire à horizon 2030 (Département de La Réunion, 2020).  En croisant anticipation participative et modélisation spatiale et dynamique, il est possible de quantifier quelles marges d’autonomisation alimentaire et électrique le territoire d’étude pourrait atteindre.

  • Premièrement, en mettant l’accent sur les dynamiques d’usage des sols, cinq processus clés sont identifiés comme exerçant une influence locale sur l’autonomisation :
    • Diversification de la canne à sucre,
    • Urbanisation,
    • Conversion de friches agricoles,
    • Développement du photovoltaïque au sol,
    • Evolution des comportements des consommateurs.
  • Deuxièmement, cinq scénarios sont co-construits avec des acteurs locaux, privilégiant tour à tour la production alimentaire, électrique, ou recherchant un compromis.
  •  Troisièmement, ces scénarios sont implémentés dans ProdRun, un modèle élaboré avec Ocelet Modelling Platform.

En définitive, et sous réserve que certaines mesures ambitieuses de planification territoriale soient endossées par le complexe multi-acteurs, deux scénarios dessinent une autonomisation intégrée « alimentaire-électrique » entre 2019 et 2040 : de 28,4% à 41,3-55,1% pour la couverture des besoins alimentaires humains et de 33,8% à 48,4-52,9% pour les besoins électriques.