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Agriculture biologique et agroforesterie, quels bénéfices pour les bananeraies ?
Le dispositif Banabio, kesako ?
Pour information, Banabio (Evaluation de systèmes de culture innovants de BANAne BIOlogique) est un dispositif expérimental testant plusieurs systèmes de culture en bananeraie, notamment en agriculture biologique et en agroforesterie. Ce dispositif est actuellement géré par deux ingénieurs agronomes de l'unité GECO : Claire-Marie Rohe et Inès Feron, dans le cadre du projet intitulé Cap sur une alimentation saine, de qualité et à un prix abordable pour tous en Martinique (CAP).
Transmettre les bénéfices de l’agroforesterie aux jeunes générations
Une visite du dispositif expérimental Banabio avec des étudiants du lycée agricole de Croix Rivail
Tout d’abord, une dizaine d’étudiants de BTS du Lycée agricole de Croix-Rival ont visité la parcelle le lundi 13 mai 2024 dans le cadre de leur formation. Les étudiants ont pu découvrir l’expérimentation d’associations innovantes de cultures entre bananiers, cacaoyers, avec les arbres de services pois doux et indigotiers. Le développement de l’agroforesterie au sein du dispositif BANABIO a particulièrement intéressé les jeunes. Un échange constructif a été mené entre les jeunes étudiants et les intervenantes. Ils se sont questionnés sur l’intérêt de ce système de culture particulier, le choix des essences utilisées ou encore l’adaptation de l’itinéraire de culture.
Le dispositif présenté lors des 1eres Rencontres interprofessionnelles de la banane
Les 7 et 14 juin derniers, se sont tenues, respectivement en Martinique et Guadeloupe, les 1ères Rencontres interprofessionnelles de la banane organisées par l’Institut technique tropical en partenariat avec le Cirad. L’objectif de ces rencontres était de présenter aux planteurs et acteurs de la filière, les dernières avancées scientifiques et techniques de la filière banane. Les thèmes abordés étaient larges : avancées sur la gestion de la cercosporiose noire, gestion des ressources en eau, prévention face à l’arrivée de nouvelles maladies, intégration de nouvelles filières…
Dans le cadre de ces rencontres, Claire-Marie Rohe et Inès Feron ont présenté le dispositif Banabio ainsi que les premiers résultats disponibles : rendements, restitution de matière sèche, analyse technico-économique, gestion de la cercosporiose noire.
Près de 70 planteurs étaient présents lors de chaque journée ainsi que plusieurs dizaines d’autres acteurs de la filière. La présentation a suscité un réel intérêt de la part des participants. Des échanges constructifs ont pu ainsi être menés notamment sur la gestion de la cercosporiose, sur la filière cacao en Martinique ou encore sur les particularités des itinéraires techniques de l’essai. Certains planteurs ont aussi pu transmettre leur retour d’expérience particulièrement sur les problèmes liés à la cercosporiose.
Une journée « parcelle ouverte » sur le site expérimental pour visiter le dispositif
Enfin, le jeudi 29 août, Claire-Marie et Inès ont organisé une visite de la parcelle ouverte à tous dans le but de communiquer une nouvelle fois sur le dispositif et les résultats, mais cette fois-ci de façon plus approfondie. Une vingtaine de personnes étaient présentes dont au moins une dizaine de planteurs, des techniciens de Banamart, des représentants du groupement de producteurs en Martinique et de l’enseignement agricole. Cet évènement a permis de prendre le temps de répondre précisément à chaque interrogation sur le dispositif, à amener une réflexion sur le protocole notamment sur les avantages et inconvénients du système agroforestier par exemple, sur ce qui est envisageable de transposer sur une exploitation et ce qui ne l’est pas, etc.
Qu’en est-il des résultats ?
En ce qui concerne les résultats pour les rendements en bananes : en suivant des indicateurs tels que le nombre moyen de fruits par régime à la floraison avant ablation, l’espacement des dates de récoltes et le poids moyen des régimes, le système de culture biologique est finalement proche du conventionnel, avec une réduction de 15 % seulement de la performance sur la durée d’expérimentation. Ces résultats montrent donc qu’en mettant un œuvre un ensemble de pratiques écologiques, il est possible de produire de la banane en agriculture biologique en conditions tropicales, sans avoir une perte de production extrême.
Concernant les restitutions de matière sèche, la biomasse restituée dans le système agroforestier est environ 4 fois plus importante qu’en conventionnel. Cette biomasse correspond à la fois aux restitutions de couverts et aux tailles des arbres légumineuses, ce qui permet un apport en azote atmosphérique dans le sol sans utiliser d’engrais chimique. Les restitutions de biomasse en système conventionnel sont bien moins importantes dû à l’effet long terme de l’utilisation d’herbicide sur la parcelle.
La production de cacao a débuté en 2023 et depuis, les rendements ne cessent d’augmenter. Entre janvier et mai 2024, près de 50 kg de fèves sèches ont été récoltées sur les 90 cacaoyers de l’essai. Cependant, le gain financier émanant de la production ne peut pas encore être chiffré. Il est encore trop tôt pour dire si la production de cacao permettra de compenser les coûts de production plus élevés ainsi que les pertes de rendements en bananiers de la parcelle, tous deux liés notamment à la présence d’arbres.