Table ronde et visites de terrain des journalistes scientifiques francophones pour découvrir in situ le pastoralisme, l'agroécologie et l'agroforesterie.

16/11/2022
60 journalistes scientifiques francophones, de vingt pays, se sont réunis à Dakar du 19 au 4 octobre, pour une semaine de conférences et visites « terrain » sur le thème du journalisme scientifique face à l’urgence climatique. Le Cirad, partenaire du réseau français, a participé à une table ronde en témoignant sur l’agropastoralisme et accueilli une vingtaine de journalistes pour leur montrer les travaux en agroforesterie et en maraîchage agroécologique menés avec nos partenaires de l’ISRA, de l’UCAD, de l’UGB, du CSE et du CERAAS.
photo possible, crédit : ؗ© Cirad, M-L. Pouxviel
photo possible, crédit : ؗ© Cirad, M-L. Pouxviel

Légende : Visite d’une parcelle maraîchère agroécologique à Mboro, zone des Niayes, Sénégal.

Cette Conférence des journalistes scientifiques francophones est une initiative du Réseau des journalistes scientifiques d’Afrique francophone (RJSAF), en partenariat avec l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI) en France, l’Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS) et l’Association Suisse du journalisme scientifique (ASJS). Du côté de l’Afrique, les journalistes venaient de nombreux pays : Sénégal, Togo, Bénin, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Cameroun, RDC, Niger, Rwanda, Guinée, Burundi, République centrafricaine, Maroc, Egypte, Tunisie et Madagascar. Le Cirad, en tant que partenaire de l’AJSPI, a apporté contenu et appui logistique à cet événement. Les thèmes couverts visaient soit à développer la culture scientifique des journalistes sur des thèmes en lien avec le changement climatique, soit à les outiller dans leur métier avec des pratiques nouvelles (ateliers pour fabriquer son podcast, ou la question du « journalisme de solution », etc.).

Interview du Directeur Régional AOZS © Ibra Toure-Cirad

Interview du Directeur Régional AOZS © Ibra Toure-Cirad

Durant la table ronde « Quels modèles agricoles dans un climat à +1,5°C ? » Ibra Touré, Directeur régional du Cirad et représentant de l’Inrae et d’Agreenium en Afrique de l’Ouest zone sèche, chercheur géographe expert en pastoralisme a démontré l’intérêt environnemental du pastoralisme comme de système production et mode de vie qui s’est adapté et réajusté face aux différentes mutations et chocs qui jalonnent son existence dans les zones sèches et arides depuis des millénaires. C’est le système d'élevage le mieux adapté au contexte écologique sahélien et il est essentiel pour maintenir et régénérer les vastes pâturages sahéliens, en agissant comme des puits de carbone et en fournissant des services écosystémiques et représente actuellement 20 et 35 % du PIB dans la région du Sahel et emploie la majeure partie de la main-d’œuvre.

Les journalistes ont terminé la semaine par deux visite visites « de terrain », proposées par le Cirad, l’IRD, l’Institut Pasteur et RFI.

Une dizaine de journalistes, accompagné par Raphaël Belmin, agronome au Cirad, et Moussa NDiénor, chercheur à l’ISRA, ont choisi de venir dans la zone maraîchère des Niayes, qui se trouve confrontée à un déclin inquiétant des ressources en eau, pour rencontrer des agriculteurs en transition agroécologique.  Toute une palette de terrains leur a été présentée : un verger agroécologique dans une cuvette maraîchère naturellement fertile, du maraîchage sur terrains sablonneux rendus fertiles grâce à des amendements organiques, une culture d’arachide aux abords de terrains miniers ainsi que les pratiques les plus fréquentes : diversification des cultures, sols enrichis en matière organique grâce à la jachère, absence d’intrants chimiques.

D'autres journalistes se sont rendus dans la zone de Niakhar pour découvrir un site agroforestier instrumenté (tour à flux, etc.) avec Olivier Roupsard, bioclimatologue au Cirad, et Khady Diop, étudiante sénégalaise en master de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal. Cette visite s’est concentrée sur les champs dominés par Faidherbia albida, arbre emblématique de l’agroforesterie en zones sèches, connu pour produire du fourrage en contre-saison et ne pas gêner les cultures en saison des pluies. Les Faidherbia augmentent beaucoup le rendement des cultures, jusqu'à 3 fois pour le mil. Ils fournissent de l'ombrage, du fourrage et des fruits pour les animaux en saison sèche grâce à leur cycle inversé. Ils remontent de l'eau et des éléments minéraux profonds en surface. Ils améliorent le microclimat en abaissant la température du sol et rafraichissant l'air grâce à leur transpiration. Ils fournissent du bois domestique et abritent de la faune, comme les oiseaux prédateurs des ravageurs des cultures.  L’agroforesterie est un pilier parmi les autres pratiques agroécologiques, elle reste entièrement compatible avec les apports organiques, le compostage, l’élevage, la lutte biologique…  et elle est une des réponses possibles de l’agriculture au changement climatique.