Comment intégrer l’agroécologie dans les services de conseil agricole au Burkina Faso ?

14/02/2023
Du 5 au 6 décembre 2022, le projet ACOTAF a organisé à Ouagadougou (Burkina Faso) un atelier autour de la thématique de la prise en compte des objectifs et des principes de l’agroécologie (agroécologisation) dans la fourniture des services de conseil agricole.

Des participants en pleins travaux de co-élaboration des stratégies pour l’agroécologisation des dispositifs de conseil agricole (© P. Djamen, 2022)

Le contexte de l’atelier était marqué par une reconnaissance grandissante du rôle du conseil agricole dans la facilitation du changement vers des systèmes plus résilients en agriculture. La place du conseil agricole est en effet essentielle pour la promotion de l’agroécologie (AE) et pour lui permettre d’atteindre les résultats attendus. Mais le conseil agricole doit renouveler son orientation, ses capacités, ses méthodes et ses pratiques pour être en mesure de promouvoir l’agroécologie de façon efficiente. La prise en compte de l’AE par le conseil agricole nécessite en conséquence l’élaboration des stratégies adaptées, basées sur l’identification et l’exploration des changements nécessaires et de solutions appropriées.

L’atelier a mobilisé une démarche anticipatrice, partant d’un diagnostic participatif et prospectif pour élaborer une vision partagée de l’objectif visé par l’agroécologisation du conseil agricole. Des travaux en sessions plénières et dans le cadre des groupes thématiques ont permis d’identifier les différents changements nécessaires pour la réalisation de cet objectif. Ces changements ont été analysés et structurés permettant de mettre en évidence des trajectoires de changement (agroécologisation) comme présenté sur la photo ci-dessous. Trois problématiques spécifiques ont été identifiées ; des stratégies de réponse adaptées ont été développées pour chacune d’elles :

L’introduction de l’AE est la problématique rencontrée par les organisations de conseil agricole qui souhaitent développer pour la première fois une offre de conseil en agroécologie, en complément ou en remplacement des services qu’elles fournissent habituellement en agriculture conventionnelle. La stratégie pour relever ce défi consiste en une reconfiguration incrémentale du dispositif de conseil en matière d’objectif, de ressources humaines, de méthode d’intervention, de sources de connaissances et de partenariat.

L’amplification ou la mise à l’échelle concerne des situations où le dispositif de conseil est déjà engagé dans la promotion de certains principes de l’agroécologie et souhaite augmenter le nombre de producteurs accompagnés. La stratégie identifiée repose sur l’introduction des innovations d’ordre méthodologique, la densification des ressources humaines et la mobilisation des outils comme la digitalisation qui permettent de toucher une masse plus importante de producteurs.

L’évolution concerne les dispositifs de conseil agricole qui intègrent déjà certains principes de l’AE, notamment ceux relatifs à ses dimensions techniques (recyclage, réduction des intrants, diversification etc.). L’ambition est de pouvoir élargir de façon efficiente et durable les principes de l’AE relatifs aux aspects sociaux, culturels, économiques et politiques. La stratégie identifiée repose alors sur une diversification des profils des personnels, et le développement des partenariats avec d’autres fournisseurs de conseil qui ont une offre de service complémentaire.

Un exemple de trajectoire ( fresque du futur) de renouvellement d'un dispositif de conseil agricole pour la promotion à grand échelle de l’agroécologie © P.Djamen, Cirad 2022

L’atelier a été une opportunité pour les gestionnaires des dispositifs de conseil agricole d’apprendre des expériences des uns et des autres, de construire des solutions à des problèmes communs, et de développer leurs capacités dans l’utilisation de la prospective comme outil d’exploration et de planification stratégique.

Cette rencontre a réuni 20 structures de conseil agricole, majoritairement des organisations de producteurs, des organisations non-gouvernementales et des services techniques de ministère de l’agriculture et des ressources animales et halieutiques. Il a été financé conjointement par le Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) de l’ambassade de France au Burkina Faso et le projet ACOTAF qui est mis en œuvre par un consortium réunissant le CIRAD, l’IRAM, Inter-réseaux Développement-rural et le RESCAR-AOC.