Le dispositif de Téné éclaire les enjeux des forêts tropicales en Côte d’Ivoire

Téné, un observatoire forestier en Afrique de l’Ouest

Créé en 1976, le dispositif de Téné, co-géré par la Société de Développement des Forêts (SODEFOR) et l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INP-HB), avec l’appui scientifique du Cirad, constitue un site expérimental de référence pour le suivi à long terme des forêts tropicales en Afrique de l’Ouest. Ce partenariat a permis de constituer une base de données unique sur l’évolution des peuplements forestiers et leur réponse aux perturbations, qu’elles soient naturelles, climatiques ou liées aux activités humaines.

Dans le cadre de cette étude, plusieurs indicateurs fonctionnels ont été analysés :
✔️ Densité du bois
✔️ Surface et épaisseur des feuilles
✔️ Composition chimique du feuillage

Ces « signatures fonctionnelles » permettent d’anticiper la résilience ou la vulnérabilité des forêts face au stress climatique.

Les forêts africaines : une spécialisation qui interroge

L’un des enseignements majeurs de l’étude réside dans la spécificité des forêts africaines. Moins riches en espèces que celles d’Amazonie, elles présentent néanmoins une forte divergence fonctionnelle. Autrement dit, les espèces y sont particulièrement spécialisées, avec des stratégies d’adaptation uniques.

Si cette spécialisation constitue un atout, elle peut également représenter une fragilité : des espèces très adaptées à un climat donné pourraient avoir des difficultés à faire face à des changements brusques, tels que la baisse des précipitations ou la hausse des températures.

Une avancée décisive pour la gestion durable des forêts

Cette recherche fournit des outils essentiels pour orienter les politiques de conservation et d’aménagement des forêts en Afrique de l’Ouest. Une meilleure compréhension de la diversité fonctionnelle des forêts permettra aux décideurs de mettre en place des pratiques de gestion plus résilientes, adaptées aux réalités climatiques à venir.

Fruit d’une collaboration internationale, cette étude associe plusieurs institutions scientifiques :

• Le Cirad, à travers ses chercheurs spécialistes de l’écologie forestière tropicale,
• L’INP-HB et la SODEFOR (Côte d’Ivoire), en charge de la gestion du site de Téné,
• Le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS, France),
• L’Université de Leeds (Royaume-Uni),
• L’Université de Wageningen (Pays-Bas),
• Le réseau international ForestGEO,
• Ainsi que plusieurs centres de recherche en Amérique latine, en Afrique et en Asie.

Parmi les acteurs clés de l’étude :
Bruno Hérault, écologue forestier au Cirad, spécialiste des dynamiques forestières,
Irie Casimir Zo-Bi, chercheur à l’INP-HB, qui a mobilisé les données du site de Téné.

Et après ? Le rôle des forêts ivoiriennes dans le stockage du carbone

Ce travail de recherche constitue une première étape. Une prochaine étude portera sur la capacité des forêts ivoiriennes à stocker le carbone et à contribuer à l’atténuation du changement climatique.