Naissance d’un référentiel pour le « cacao agroforestier » originaire du Cameroun

28/11/2024
Dans un contexte où les pratiques agroforestières s’inspirent surtout des modèles d'Afrique de l'Ouest, l’Afrique centrale gagnerait à mieux faire connaître et valoriser les spécificités de ses systèmes agroforestiers à base de cacao, notamment dans le cadre de la mise en œuvre du Règlement européen contre la déforestation et la dégradation forestière (RDUE). Après une étude menée par le Cirad et le Conseil Interprofessionnel du Cacao et Café (CICC) sur les systèmes agroforestiers à base de cacao, un atelier a réuni à Yaoundé les professionnels et spécialistes de la filière afin de définir un référentiel « cacao agroforestier » pour le Cameroun. En créant des synergies entre scientifiques, acteurs publics, privés et société civile, le Cameroun se positionne comme une locomotive en matière de production d’un cacao durable agroforestier en Afrique centrale.
Présidium de l'atelier. © S. Koutchou
Présidium de l'atelier. © S. Koutchou

Présidium de l'atelier. © S. Koutchou

Un atelier pour construire un référentiel de cacao agroforestier pour le Cameroun

En 2023, une étude menée par le Cirad et le Conseil interprofessionnel du cacao et café (CICC) avait déjà permis d’identifier trois types de systèmes agroforestiers à base de cacao : « hautement diversifié », « intensif » et « polyvalent ». À la suite de cette étude, un atelier co-organisé par le CICC, le Cirad et la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) s'est tenu à Yaoundé. Cet événement, qui a bénéficié des fonds de l'Union européenne, a eu lieu du 26 au 27 novembre 2024 à l’hôtel Mont Fébé pour construire un référentiel de cacao agroforestier pour le Cameroun, voire pour l’Afrique centrale.

Il a réuni les différents acteurs clés de la filière cacao au Cameroun, notamment des représentants des administrations publiques telles que le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (MINEPAT), le ministère de l’Agriculture et du développement rural (MINADER), le ministère des Forêts et de la faune (MINFOF), le ministère du Commerce (MINCOMMERCE) ainsi que l'Office national du cacao et du café (ONCC). Etaient également présents, des acteurs de la recherche comme l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD), le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR), ainsi que des organisations non gouvernementales, des producteurs, des représentants du secteur privé et des Caisses de stabilisation et de péréquation (CAISTAB) du Gabon, sans oublier l’Institut national pour l’étude et la recherche (INERA) en République Démocratique du Congo.

Cet atelier s’est structuré en trois temps forts :

  • Un rappel des résultats de l’étude sur l'identification des systèmes agroforestiers (SAFs) complexes au Cameroun et du processus de validation de ces résultats.
  • Une discussion organisée en sous-groupes puis en plénière sur le choix des variables et des seuils permettant de caractériser le cacao agroforestier camerounais.
  • L’identification des leviers d’action pour faire reconnaître ce référentiel aux échelles nationale, régionale, internationale et par le secteur privé.
Séance de travail dans le sous-groupe "Secteur public". © S. Koutchou

Séance de travail dans le sous-groupe "Secteur public". © S. Koutchou

Les variables et les seuils clefs du « cacao agroforestier » camerounais

Les travaux en groupes, comme le débat en plénière, ont donné lieu à de nombreuses et passionnantes discussions sur la définition précise d’un cacao agroforestier pour l’Afrique centrale. Un consensus autour de plusieurs variables et de seuils minimaux a pu émerger autour des valeurs exposées dans le tableau ci-après :

Tableau variables et seuils cacao agroforestier camerounais.

Ces critères montrent des différences nettes avec les modèles d’agroforesterie élaborés et promus en Afrique de l’Ouest. Ils offrent une base scientifique et politique pour promouvoir ce type de cacao durable à l’échelle internationale.

Quelles approches pour valoriser ce référentiel ?

Les participants ont enfin été invités à explorer des approches concrètes et pragmatiques pour promouvoir ce référentiel à différents niveaux : national, régional et international, ainsi que par des initiatives du secteur privé.

Le directeur régional de l'ONCC exprimant son satisfecit sur la qualité des travaux. ©S. Koutchou

Le directeur général de l'ONCC exprimant son satisfecit sur la qualité des travaux. ©S. Koutchou

De nombreuses voies ont été explorées et détaillées par les participants, dont :

  • L’insertion du référentiel dans le guide technique pour le cacao durable, qui sera ensuite soumis à l’agence des normes et de la qualité (ANOR) pour en faire une norme nationale (non contraignante) ou une directive technique (contraignante).
  • La constitution d’une task force dédiée au cacao agroforestier à l’échelle régionale.
  • Des études complémentaires comparant les attributs écologiques de ces systèmes forestiers avec les forêts naturelles environnantes.
  • Une analyse des avantages économiques de ce cacao agroforestier pour établir des « business cases » attractifs pour les petits planteurs.

La voie est désormais tracée pour un référentiel « cacao agroforestier » pour le Cameroun, voire pour le bassin du Congo.