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- Des technologies agroécologiques innovantes au service des petits producteurs au Cameroun
L’agroécologie au service des petits exploitants au Cameroun
Remplissage de sachets avec le terreau pour la pépinière. © S. Koutchou, Cirad
Organisé par l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) à Zamakoé, village de la commune de Mbalmayo, cet atelier vise à faciliter l’appropriation de pratiques agroécologiques éprouvées, à renforcer les compétences techniques des producteurs et à diffuser des solutions adaptées au contexte local, comblant ainsi le déficit de connaissances qui freine l’adoption de l’agroécologie.
Répondre aux défis environnementaux et socio-économiques dans la zone agroécologique 5 du Cameroun
Dans la zone agroécologique 5 du Cameroun (Centre, Sud, Est), les cultures de rente, en particulier le cacao, jouent un rôle essentiel dans l’économie rurale et constituent une source majeure de revenus pour les ménages. Les systèmes agroforestiers à base de cacaoyers, associant essences ligneuses, cultures vivrières et produits forestiers non ligneux (PFNL), représentent une réponse stratégique à la complexité des enjeux actuels : ils favorisent la résilience écologique et socio-économique, contribuent à la sécurité alimentaire, à la conservation de la biodiversité et participent à l’atténuation du changement climatique.
Malgré ces avantages, ces systèmes font face à de nombreuses contraintes structurelles, notamment le vieillissement des vergers et la faible disponibilité de matériel végétal qualitatif, ce qui limite fortement la productivité potentielle des parcelles. L’appauvrissement et l’érosion des sols, associés à des pratiques culturales peu intensives et un usage abusif et non contrôlé des intrants de synthèse représentent également des défis majeurs. À cela s’ajoute une forte pression parasitaire : attaques de mirides, pourriture brune des cabosses et autres bioagresseurs du cacaoyer réduisent non seulement les rendements, mais affectent également la durée de vie des vergers. Ces défis sont amplifiés par l’insuffisance de renouvellement variétal, le manque de techniques de gestion intégrée et la faible formation agronomique, compromettant la résilience des systèmes face aux variations climatiques et aux exigences de qualité commerciale.
Par ailleurs, la zone agroécologique 5 connaît une dégradation accélérée des sols, une perte de biodiversité, une variabilité climatique croissante et une vulnérabilité économique des petits exploitants. Ces facteurs rendent urgente l’adoption de pratiques agricoles plus résilientes, économiquement viables et respectueuses de l’environnement.
Dans ce contexte, l’agroécologie apparait comme une solution privilégiée pour concilier productivité agricole, restauration des écosystèmes et amélioration des conditions de vie rurales. Elle repose sur la valorisation des interactions biologiques, l’optimisation de la biodiversité fonctionnelle et l’utilisation raisonnée des ressources locales. Toutefois, la majorité des petits producteurs de la zone 5 demeurent peu informés ou insuffisamment formés aux technologies agroécologiques innovantes telles que le compostage amélioré, les biopesticides naturels, la rotation culturale intégrée ou l’agroforesterie productive.
Quelles innovations agroécologiques pour renforcer les pratiques des petits producteurs ?
Pensé comme un véritable espace d’apprentissage participatif, l’atelier a mis l’accent sur les démonstrations pratiques et le partage d’expériences entre producteurs et experts. Six technologies agroécologiques ont été présentées, combinant des produits déjà formulés et mis à disposition par l’IRAD ainsi que des techniques que les agriculteurs peuvent eux-mêmes fabriquer et reproduire avec des ressources locales. Nous avons :
- « AS-TRICHO », un biofertilisant écologique à base de champignons et de déchets brassicoles
Il s’agit d’un biofertilisant efficace, stable et compétitif, conçu pour améliorer durablement la santé des sols et la résilience des cultures. Formulé à partir de Trichoderma, (un champignon bénéfique reconnu pour ses capacités à stimuler la croissance végétale et à protéger les plantes) et de déchets brassicoles valorisés, il s’inscrit pleinement dans une logique d’économie circulaire. Issu d’un procédé de fermentation qui lui confère une forte concentration en micro-organismes actifs, As-Tricho favorise : la croissance des plantes, la protection contre les bioagresseurs, la disponibilité des nutriments du sol et la résistance à la sécheresse. Moins polluant que les engrais chimiques et produit localement, il contribue également à la politique d’import-substitution.
- Le biofertilisant mycorhizien à base de cinq souches de champignons
Le biofertilisant mycorhizien à cinq souches est une solution qui améliore la santé des plantes et la productivité des cultures. En favorisant le développement d’un système racinaire dense, il augmente la capacité des plantes à absorber l’eau et les nutriments du sol. Son utilisation contribue à stimuler la floraison, la fructification et les rendements de la plante. De plus, il renforce la résistance des plantes aux maladies, aux attaques d’insectes et aux périodes de sécheresse, offrant ainsi un soutien naturel et durable à la production agricole.
- Le biofertilisant à base d’Arachis/Arachide pintoï/pinto
L’ arachis pintoï est une légumineuse couvre-sol qui joue un rôle essentiel dans l’amélioration de la fertilité et de la structure des sols. Elle enrichit naturellement le sol en azote, favorise l’assimilation du phosphore, stocke le carbone et contribue à maintenir une bonne humidité et structure du sol. Cette plante participe également à la régulation des adventices, notamment de la striga, et permet de réduire la présence de certains nématodes et autres bioagresseurs. En plus de ses fonctions agronomiques, l’arachis pintoï fournit un fourrage de qualité et peut s’intégrer dans divers systèmes de cultures. L’implantation se fait par boutures, en positionnant deux nœuds dans le sol pour permettre le développement des racines. Pour assurer une bonne installation et une production racinaire optimale, il est recommandé de planter en saison des pluies, lorsque le sol présente une humidité suffisante.
- Le vermis compost dans la production du cacaoyer et du bananier plantain
La démonstration du vermis compost a été réalisée à partir d’excréments de porc et de copeaux de bois blanc, auxquels de l’eau a été ajoutée pour obtenir un mélange homogène. Le mélange devra suivre une période de fermentation de 15 jours, avant l’introduction des vers de terre pour initier le processus de compostage. Le vermis compost obtenu améliore la structure du sol, sa capacité de rétention d’eau et sa fertilité, tout en produisant un amendement riche en nutriments et en micro-organismes bénéfiques, capable de renforcer la résistance des plantes face à certaines maladies et ravageurs.
- « BOB ENGRAIS », un amendement liquide organo-minéral
Il a été conçu pour restaurer la fertilité des sols, corriger les carences nutritionnelles et stimuler la croissance des plantes. Il combine des extraits organiques fermentés tels que compost liquide, humus liquide, purins avec des minéraux essentiels (azote, phosphore, potassium, calcium, magnésium, fer, molybdène et oligo-éléments) ainsi que des micro-organismes bénéfiques. Grâce à cette composition, « BOB ENGRAIS » agit rapidement tout en assurant des effets durables sur la santé des sols et la vitalité des cultures. Facile à appliquer, que ce soit en irrigation goutte-à-goutte ou par pulvérisation, il améliore significativement la fertilité même des sols fatigués ou compactés.
- L'entomo compost à base de mouches soldats noires (MSN)
Ce compost est obtenu par la bioconversion rapide des déchets organiques grâce aux larves de mouches soldats noires, produisant un amendement particulièrement riche et actif. Il contribue à améliorer la santé et la fertilité du sol en augmentant la matière organique et l’activité microbienne. Riche en azote, il favorise la croissance, renforce la résistance des cultures aux maladies et aux stress environnementaux, et contribue à accroître significativement les rendements agricoles.
À terme, cette initiative renforcera la mise en œuvre des politiques nationales de transition agroécologique et participera à un développement rural inclusif et durable au sein de la zone agroécologique 5.
Qu’est-ce qu’une zone agro-écologique ?
Une zone agro-écologique est une région géographique caractérisée par des conditions écologiques spécifiques qui influencent les pratiques agricoles et la biodiversité. Ce concept prend en compte divers facteurs environnementaux tels que le climat, le sol, la topographie, les écosystèmes locaux, ainsi que les interactions entre ces éléments et les activités humaines. Les zones agro-écologiques peuvent être utilisées pour planifier des politiques agricoles et de développement rural, en visant à améliorer la résilience des systèmes alimentaires face aux changements climatiques et aux pressions environnementales.
Au Cameroun, il existe 5 zones agro-écologiques définies sur la base de leurs caractéristiques écologiques, édaphiques (propriétés du sol) et climatiques. Ces zones agro-écologiques sont les suivantes :
- La zone soudano-sahélienne (région du Nord et de l’Extrême-Nord).
- La zone des hautes savanes guinéennes (Plateau de l’Adamaoua et une partie de la région de l’Est).
- La zone des hauts-plateaux (région du Nord-Ouest et de l’Ouest).
- La zone forestière à pluviométrie monomodale (région du Sud-Ouest, littoral et une partie de la région du Sud).
- La zone forestière à pluviométrie bimodale (une grande partie des régions du Centre, de l’Est et du Sud).