Vers une culture agroécologique de la banane

La Compagnie fruitière, premier producteur et plus gros exportateur de bananes d’Afrique, est un partenaire de longue date du Cirad. Depuis 2019, elle a intensifié sa collaboration avec l’établissement, avec la signature du programme d’accompagnement de recherche pluriannuel B2A (Banane agroécologique pour l'Afrique). L’objectif ? Accélérer la mise en place de nouvelles pratiques culturales de la banane en agriculture conventionnelle et biologique.
Bananiers et arachis pintoï à la SCB, Côte d'Ivoire
Bananiers et arachis pintoï à la SCB, Côte d'Ivoire

Bananiers et arachis pintoï à la SCB, Côte d'Ivoire © M Gonthier-Maurin, Cirad

La démarche de la Compagnie fruitière, l’un des plus gros producteurs de bananes certifiées Fairtrade Max Havelaar au monde, émane d’une prise de conscience de la fragilité de son environnement, couplée à un engagement social et environnemental fort.
Signé début 2019, le partenariat entre le Cirad et la Compagnie fruitière poursuit trois objectifs :

  • améliorer la performance environnementale des plantations en réduisant l’utilisation de produits de synthèse ;
  • améliorer les rendements par la maîtrise du parasitisme ;
  • réduire les coûts de production par la baisse d’utilisation d’intrants et l’optimisation des moyens.

Objectif : supprimer le recours aux produits phytosanitaires dans les bananeraies

Afin de pérenniser son activité, la Compagnie fruitière s’intéresse aux questions de durabilité et d’adaptation des méthodes culturales à chaque contexte agro climatique. La réduction de l’usage de produits chimiques est primordiale pour l’entreprise, car ce dernier est une source majeure de risques pour la santé des travailleurs et de dégradation des milieux naturels. Cette démarche répond également aux attentes croissantes des consommateurs de produits plus sains et qualitatifs.   

La Compagnie fruitière s’est ainsi donné pour objectif de supprimer tout recours à des traitements phytosanitaires en les remplaçant petit à petit par de nouvelles pratiques agroécologiques.

Pour relever ce défi, l’entreprise travaille en étroite collaboration avec le Cirad sur des itinéraires techniques expérimentaux notamment au Ghana, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, selon un cahier des charges défini conjointement.

Parmi les axes de travail prioritaires identifiés, citons par exemple :

  • le développement et la mise en œuvre de nouvelles stratégies de lutte contre la cercosporiose : utilisation de produits alternatifs aux fongicides conventionnels comme par exemple l'huile minérale (autorisée en agriculture biologique), le déclenchement des traitements sur avertissement, le monitoring des résistances, le déploiement de technologies pour l’agriculture de précision avec notamment des tests de traitement aérien par drone, etc. ;
  • la réduction de l’impact du parasitisme tellurique : destruction efficace des bananeraies en fin de production, mise en place de jachères de durée suffisante à l’aide de plantes de services assainissantes permettant d’éliminer les populations de nématodes, utilisation de pièges à phéromones pour lutter contre le charançon, etc. ;
  • l’utilisation de plantes de services pour améliorer la qualité et la fertilité des sols et pour lutter contre l’enherbement, permettant ainsi de réduire le recours aux herbicides de synthèse et au désherbage manuel ;
  • l’amélioration et l’adaptation des pratiques post-récoltes pour contrôler les maladies de conservation des fruits.

La Compagnie fruitière ambitionne d’atteindre 20 % de ses surfaces certifiées en agriculture biologique d’ici 2025.         

Un partenariat pour accélérer la mise en place de pratiques agroécologiques

Dans le cadre du partenariat pour l’innovation agricole durable, le Cirad mène des études d’impact sur les sols et sur la biodiversité afin de comparer différents itinéraires techniques entre eux.
Un des enjeux agronomique et économique majeurs mis en lumière pour la culture bananière est la gestion de la fertilisation azotée, dans le contexte économique mondial actuel. Un modèle de bilan azoté a ainsi été développé par le Cirad, en tenant compte des conditions de récolte jusqu’à l’exportation, mais également des pertes, et des restitutions du bananier au sol ainsi que de l’azote apporté par la minéralisation du stock d’humus dans le sol. Des analyses poussées des intrants organiques utilisés permettent de mieux comprendre la part d’azote disponible pour la plante et celle qui sera stockée dans l’humus.

En 2021, d’autres projets d'études ont été menés avec notamment l’analyse du cycle de vie et l’impact des produits de traitement sur la biodiversité des sols. Le Cirad se penche sur de nouveaux modèles de mesure des impacts sociaux et environnementaux de la production de bananes pour trouver des solutions efficaces et durables dans l’objectif de réduire, voire, à terme, de se passer de produits de synthèse.

La Compagnie Fruitière est particulièrement engagée et active en matière de réduction de produits phytosanitaires. Parmi nos accomplissements les plus significatifs, nous avons construit avec le Cirad un partenariat solide et inscrit dans la durée. Cela témoigne d’une vraie volonté d’innover et de faire évoluer nos pratiques dans une logique d’amélioration continue. 

Paul Bouzon
Responsable Développement Durable au sein de la Compagnie Fruitière