En Amérique latine, la production des intrants biologiques se démocratise

Vient de sortir 12 décembre 2024
Les biointrants, alternatives aux intrants chimiques, connaissent un véritable essor en Amérique latine. Ils sont de plus en plus souvent produits au sein même des exploitations agricoles ou par des groupes d’agriculteurs, en parallèle des réseaux classiques de production et de distribution des intrants agricoles chimiques. Découvrez les enjeux autour de ces biofabriques dans le nouveau numéro de Perspective, le policy brief du Cirad.
Biofabrique de la ville de General Câmara, dans l'État du Rio Grande do Sul au Brésil​​​​​​​ © F. Goulet, Cirad
Biofabrique de la ville de General Câmara, dans l'État du Rio Grande do Sul au Brésil​​​​​​​ © F. Goulet, Cirad

Biofabrique de la ville de General Câmara, dans l'État du Rio Grande do Sul au Brésil © F. Goulet, Cirad

Élaborés à l’aide de microorganismes, de macroorganismes ou à partir d’extraits végétaux, les biointrants sont utilisés pour la nutrition et la protection des cultures. Leur production au sein d’installations en milieu rural, appelées « biofabriques », connaît un essor dans de nombreux pays d’Amérique latine. 

Une production communautaire ou à la ferme

La production d’intrants chimiques est classiquement l’apanage de firmes agroindustrielles, le plus souvent éloignées des zones de production agricole. Contrairement à ce schéma habituel, les biofabriques permettent de relocaliser la production d’intrants au plus près des fermes. 

Ces installations nécessitent trois composantes : des infrastructures matérielles (cuves, système de ventilation, etc.), de la matière première comme des microorganismes à multiplier, et enfin un savoir-faire pour faire fonctionner ces biofabriques. Pour les producteurs, l’enjeu est de faciliter leur accès à des fertilisants ou à des pesticides moins coûteux et plus écologiques.

Des appuis publics mais des défis à relever

Ces dernières années, les biofabriques se multiplient dans plusieurs pays d’Amérique latine, comme au Brésil, au Mexique ou en Colombie. Des politiques publiques visent d’ailleurs à faciliter et à encadrer leur développement. 

Au-delà des opportunités, ce mouvement d’autonomisation de la production de biointrants fait aussi face à des résistances et des controverses, principalement d’ordre sanitaire. Des inquiétudes ont notamment été soulevées par la communauté scientifique des microbiologistes sur les manques de compétences ou de contrôle. Ces intrants, même biologiques, peuvent en effet avoir un impact négatif sur l’environnement ou la santé, liés au risque de dissémination de microorganismes pathogènes ou résistants.

Les acteurs étatiques, en charge de la règlementation autour des biofabriques, sont donc appelés à encadrer ces nouvelles pratiques, qui soulèvent des questions d’accès à des intrants écologiques et sains, en particulier pour les zones rurales les plus reculées.

Télécharger le Perspective N° 64 : Les biofabriques, nouveaux modèles de production et d’accès aux intrants agricoles

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Avec Perspective, le Cirad ouvre de nouvelles pistes de réflexion et d’action, fondées sur des travaux de recherche, sans pour autant présenter une position institutionnelle. Cette série de 4-pages synthétiques présente des idées ou des politiques novatrices sur des questions de développement, stratégiques pour les pays du Sud : sécurité alimentaire, foncier, changement climatique, sécurité énergétique, gestion des forêts, normes, etc.