Vient de sortir 12 décembre 2024
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- Perspective N°57 - Champs-écoles pour l'agroécologie
Les champs-écoles pour réussir la transition agroécologique et repenser le conseil agricole
La transition agroécologique requiert de transformer la manière d’accompagner les agriculteurs et les agricultrices dans leurs changements de pratiques. Les champs-écoles sont des dispositifs participatifs qui accroissent les capacités des agriculteurs à expérimenter, à produire des connaissances et à construire eux-mêmes des innovations. Il est toutefois nécessaire de veiller à la qualité de mise en œuvre de ces dispositifs, ce qui a des implications pour les acteurs de la recherche et du développement.
Une étude menée en Afrique subsaharienne a mis en valeur les conditions de réussite des champs-écoles en agriculture familiale. Elle montre qu’à l’issue de champs-écoles, les agriculteurs entreprennent d’autant plus de changements dans leurs propres exploitations qu’ils ont été décisionnaires du dispositif.
Des champs-écoles collaboratifs plutôt que consultatifs
L’étude, menée au Burkina Faso et au Togo, s’est basée sur des entretiens avec des agriculteurs ayant pris part à des dispositifs de champs-écoles.
Au Burkina Faso, les champs-écoles étudiés étaient consultatifs. Les cultures, les options techniques à tester et les indicateurs de suivi des parcelles ont été choisis par des experts avant leur mise en œuvre sur le terrain. Les agriculteurs impliqués ont finalement réalisé peu de changements dans leurs exploitations.
Par contraste, au Togo, les champs-écoles étaient collaboratifs, avec un contenu choisi par les agriculteurs en atelier de diagnostic. Cette démarche renforce leurs capacités : savoir identifier un problème, construire des solutions et les évaluer via des expérimentations paysannes. Suite à ces champs-écoles, ces agriculteurs et agricultrices ont expérimenté des pratiques variées dans leurs exploitations, en continuant à les adapter.
Des actions collectives ont même permis de lever des contraintes à la réalisation individuelle de certaines pratiques agroécologiques. Par exemple, les maraîchers ont commencé à utiliser des biopesticides testés dans les champs-écoles. Leur fabrication étant un processus long, ils ont eu l’idée de produire ces biopesticides collectivement pour faire des économies d’échelle. Ils se sont aussi organisés pour que chacun traite le même jour, car ces biopesticides ont une action répulsive contre les insectes ravageurs et le traitement simultané évite qu’une parcelle non traitée ne serve de refuge.
Repenser l’accompagnement agricole et les politiques publiques
La transition agroécologique est constituée de principes à adapter au contexte local, et non pas de technologies à transférer prêtes à l’emploi. Les projets de développement qui intègrent cette dimension ne peuvent, de ce fait, pas anticiper avec exactitude le contenu des champs-écoles. Les bailleurs et les intervenants de ces projets doivent accepter que leurs objectifs puissent être modifiés chemin faisant, avec de possibles changements d’actions. En outre, les évaluations d’impact à la fois qualitatives et quantitatives seront plus adaptées.
Enfin, la formation des facilitateurs gagnerait à être améliorée. Et les champs-écoles doivent être pensés en complémentarité de politiques publiques d’appui à l’agriculture menées à différentes échelles pour créer un environnement favorable aux transitions agroécologiques.
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Avec Perspective, le Cirad ouvre de nouvelles pistes de réflexion et d’action, fondées sur des travaux de recherche, sans pour autant présenter une position institutionnelle.
Cette série de 4-pages synthétiques présente des idées ou des politiques novatrices sur des questions de développement, stratégiques pour les pays du Sud : sécurité alimentaire, foncier, changement climatique, sécurité énergétique, gestion des forêts, normes, etc.