Lâcher de moustiques stériles : vers la commercialisation de drones…

Science en action 10 janvier 2020
Le Cirad vient d’obtenir une subvention de l’ERC Proof of Concept (POC) pour développer, en partenariat avec une start-up européenne, deux versions de drone permettant de lâcher des mâles stériles de moustiques. Des versions antérieures du drone ont déjà été testées au Brésil, en Thaïlande et à Singapour. Cette technologie permet de réduire fortement les coûts des lâchers habituellement réalisés au sol.
Un des premiers prototypes de drones testé au Brésil en mars 2018, en partenariat avec Moscamed, l'AIEA et WeRobotics © J. Bouyer, Cirad

Mosquarel, pour Mosquito Aerial Release : c'est le nom du projet d’un an porté par le Cirad et dont l’European Research Council (ERC) vient d’annoncer le financement dans le cadre de son soutien aux preuves de concept (ERC Proof of Concept grant). Ce projet a pour objet de mener au stade de la commercialisation des drones libérant des moustiques mâles stériles par voie aérienne, dans le respect des réglementations en vigueur. L’objectif de ces futurs lâchers serait de réduire, de manière biologique, les populations de moustiques sévissant dans certaines zones, afin de lutter contre les maladies qu’ils transmettent comme la dengue, le zika ou le chikungunya.

Jusqu'à récemment, il n'existait pas de système aérien pour libérer les moustiques qui sont tous relâchés par le sol selon des méthodes obsolètes (cages ouvertes à l'arrière d'un véhicule…) et coûteuse (20 fois plus chère). Libérer des mâles stériles par drone a donc été une avancée majeure du projet Revolinc dont découle la preuve de concept. Celle-ci est basée sur une technologie qui a d'abord été développée et brevetée pour les glossines par Jérémy Bouyer, entomologiste au Cirad. Grâce à la collaboration avec le Laboratoire mixte FAO-AIEA de lutte contre les insectes nuisibles, le système a été affiné dans le cadre du projet, puis testé dans plusieurs pays, dont l'Argentine, le Brésil, la Thaïlande et Singapour.

En partant de cette preuve de concept, Mosquarel permettra de produire deux versions finalisées de drones (avec et sans parachute) qui seront testées à Montpellier et à La Réunion (France) en collaboration avec l’EID Méditerranée et l’IRD, ainsi qu'à Valence, en Espagne. Ces versions seront conformes à la réglementation européenne de la Commission européenne pour les drones de classe C1, et pourront être mises sur le marché.

Une preuve de concept obtenue dans le cadre du projet Revolinc

La preuve de concept du drone a été développée dans le cadre du projet Revolinc (Revolutionizing Insect Control) financé par l’ERC Proof of Concept. Revolinc vise à développer des alternatives respectueuses de l'environnement pour lutter de manière biologique contre les invasions de trois types d’insectes nuisibles (glossines, moustiques, mouches des fruits), dont deux commencent à envahir l’Europe : les moustiques et les mouches des fruits méditerranéennes.