Science en action 17 septembre 2024
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One Health | 30 partenaires lancent un réseau en santé pour sécuriser la production de la volaille en Asie du Sud
Face à la demande croissance d’œufs et de viande volaille en Asie, une trentaine de partenaires, chercheurs, vétérinaires, cliniciens et spécialistes de sciences sociales, viennent de former un réseau de santé publique vétérinaire baptisé “One Health Poultry Hub”. Leur objectif : contrer l’émergence de zoonoses, maladies animales transmissibles à l’homme, et sécuriser la production aviaire. Les intoxications bactériennes alimentaires sont courantes en Asie du Sud, spécialement campylobacter et salmonella. Cette région reste, de plus, un foyer important de grippe aviaire, dont les virus continuent à évoluer, souvent loin des souches vaccinales utilisées dans les élevages intensifs. Enfin, la résistance aux antimicrobiens due à l'utilisation abusive d'antibiotiques en aviculture est une réalité, constituant une menace mondiale.
« L’intensification actuelle de la production de volaille en Asie augmente considérablement le risque d’émergence de maladies, explique Marisa Peyre, chercheuse en économie de la santé au Cirad, impliquée dans le réseau. Elle nous fait craindre par exemple l’arrivée d’une nouvelle souche de grippe aviaire, pouvant impacter fortement l’économie de cette filière de production et les petits producteurs mais également poser une nouvelle menace de risque pandémique ».
Au-delà de la surveillance des maladies virales ou bactériennes, il s’agira pour les scientifiques du réseau d’identifier les comportements, processus et environnements à haut risque, de manière à les rectifier, et prévoir des plans de lutte adaptés contre les maladies pour sécuriser la production aviaire. « L’exemple récent de l’émergence de la peste porcine africaine en Chine montre tout l’intérêt de redoubler de vigilance dans le secteur aviaire » , souligne Marisa Peyre.
Quatre pays d’Asie impliqués : Bangladesh, l’Inde, le Sri Lanka, Vietnam
Le Bangladesh, l’Inde, le Sri Lanka et le Vietnam sont les quatre pays directement impliqués par les actions du réseau. Des scientifiques européens et australiens prennent également part à ce réseau coordonné par le Royal Veterinary College et financé par le Global Challenges Research Fund (GCRF) et UK Research and Innovation (UKRI) à hauteur de 20 millions d'euros.
Ruwani Kalupahana de l’University de Peradeniya témoigne de l’intérêt du réseau pour son pays, le Sri Lanka : « Le Sri Lanka est presque autosuffisant dans sa production de volaille mais a besoin d’améliorer la sûreté sanitaire de ses produits pour répondre aux standards internationaux. Le réseau est une opportunité en or pour partager les savoirs et savoirs faire techniques entre pays. »
Le Cirad, en collaboration avec l’Université Nationale d’Agriculture du Vietnam (VNUA), coordonnera les actions menées dans le pays, en partenariat avec cinq autres institutions vietnamiennes*. « Au Vietnam, l’intensification des élevages est particulièrement flagrante, avec une volonté de tripler la production dans les 20 prochaines années ; les liens entre l’augmentation des foyers de maladies infectieuses ou de la résistance aux antibiotiques et l’intensification de l’élevage dans cette zone du monde ont été largement suspectés mais jamais étudiés spécifiquement », précise Marisa Peyre.
Hoa TT Pham, chercheuse épidémiologiste au Cirad au Vietnam se réjouit : « ce réseau constitue une opportunité unique d’engager à la fois les chercheurs et les décideurs politiques dans la gestion de ces risques. Les problèmes seront abordés dans leur globalité par le biais de méthodes innovantes et interdisciplinaires liant recherches en sciences du vivant et sciences sociales ».
* L’institut national des sciences animales (NIAS) ; l’institut national de recherche vétérinaire (NIVR) ; l’institut national d’hygiène et d’épidémiologie (NIHE) et le département de la santé animale (DAH) du Ministère de l’Agriculture du Vietnam
Viande de volaille et oeufs, 1ère source mondiale de protéines animales La viande de volaille et les œufs sont la source mondiale de protéines animales la plus populaire et la plus abordable. Comparés à d'autres animaux d'élevage, les poulets sont bien adaptés à une production intensive, en raison de leur conversion alimentaire efficace et de leurs émissions de carbone réduites. La production de poulet est déjà l’une des plus intensives et devrait augmenter de 85 % d'ici 2050 (contre 31 % pour les porcs). |