Regards croisés sur les cases de semences paysannes en Afrique de l’Ouest

04/07/2024
Le maintien de la diversité cultivée était au cœur des discussions lors de l’atelier de restitution et de discussion des résultats du projet SeedAttach. Tenue les 3 et 4 juin à Thiès au Sénégal, la rencontre a rassemblé des participants venus de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest : Mali, Togo, Niger, Bénin et Sénégal. Des coopératives agricoles, des associations paysannes, le secteur privé et des organisations non gouvernementales ont pris part à cette rencontre coorganisée par l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), le Cirad, l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et l’Association sénégalaise des producteurs de semences paysannes (ASPSP).
Image de semence de mil
Image de semence de mil

Semence de mil. © B. Defives, Transit 

Préserver la diversité des semences cultivées

« Cultiver la justice sociale et préserver la diversité cultivée : regards croisés sur les cases de semences paysannes en Afrique de l’Ouest » tel est le thème de la rencontre coorganisée par des chercheurs de l’ISRA, de l’IRD et du Cirad avec la participation de l’Association sénégalaise des producteurs de semences paysannes et l’appui de la fondation Agropolis.

Les porteurs du projet SeedAttach qui a démarré en 2021 ainsi que l’ensemble des parties prenantes, dont les agriculteurs, ont présenté et discuté les résultats de leurs activités devant des participants du monde agricole.  

Les semences sont considérées comme un bien précieux du patrimoine familial et communautaire

La semence fait l’objet d’une gestion communautaire et revêt une double dimension, biologique et culturelle. Considérée comme un patrimoine familial et communautaire, la semence relève de l’identité des populations avec une relation affective avec le monde des terroirs. Les cases de semences jouent un rôle de conservation, de sécurisation et de pérennisation des semences paysannes. Elles visent à maintenir et accroître le contrôle des semences par les agriculteurs et les communautés locales et à établir des liens de coopération avec d'autres acteurs impliqués dans la gestion des semences et la biodiversité agricole. Elles constituent un lieu stratégique pour obtenir des semences de cultures et de variétés locales de qualité, adaptées aux conditions pédoclimatiques des différentes zones du Sénégal. Les communautés locales gèrent ces cases et s'occupent de diverses cultures, majeures, mineures et sous-utilisées, parfois en petites quantités ou en stockant de grandes quantités.

Cases de conservation de semences

Cases de conservation de semences à Joal Fadiouth dans la région de Thiès au Sénégal. © I. Diallo, Cirad 

Les enquêtes sur le fonctionnement des dix cases de semences présentes au Sénégal révèlent les particularités suivantes :

  • Une pluralité de ces cases de semences paysannes en terme d’agrobiodiversité recensée et de mode de gestion
  • Le caractère essentiel des foires de semences paysannes et leur mise en réseau pour l’accès à de nouvelles variétés
  • Une diversité des modalités de stockage des semences en fonction des espèces et des localités
  • Une nécessité de multiplier les modalités de stockage pour limiter les risques de perte des semences.

La biodiversité est l'un des axes de recherche prioritaire du Cirad

Au Cirad l'agrobiodiversité ou biodiversité agricole est au cœur de nos activités de recherches, de projets de terrain, de partenariats et collaboration, de formation et renforcement de capacité, de publication et de diffusion de connaissances en lien avec la sécurité alimentaire, la résilience écologique, le soutien aux moyens de subsistance et la préservation des ressources génétiques. ​​​​​

Ibra Touré
Directeur régional du Cirad

Les participants ont exhorté à la préservation des semences traditionnelles face au risque de modification voire de disparition de certaines espèces semencières.