Améliorer la durabilité des chaînes de valeur de la pêche en Gambie et au Mali

Cartographier une chaîne de valeur implique décrire, quantitativement et qualitativement, la distribution géographique, l'organisation, les performances techniques et les écosystèmes exploités associés à ces chaînes de valeur, afin de faciliter l'évaluation de leur durabilité. Une compréhension suffisante de la chaîne de valeur peut être tirée de l'exercice de cartographie, ce qui permet de formuler des stratégies d'amélioration évidentes.

Nous avons cartographié (c'est-à-dire décrit en détail) les chaînes de valeur basées sur la pêche dans deux pays contrastés où ces chaînes de valeur sont des activités importantes pour un grand pourcentage de la population : la Gambie, où la pêche marine domine, et le Mali, où la pêche continentale domine. L’analyse a permis d'identifier certains défis sociaux, économiques et environnementaux clés dans les deux pays, sociaux, économiques et environnementaux dans les deux pays.

Néanmoins, les évaluations sociales, économiques et environnementales doivent être approfondies afin d'éclairer la prise de décision sur les interventions politiques. Les interventions doivent être transversales, de manière à ce que de manière à ce que plusieurs questions soient abordées en même temps et qu'aucun compromis entre les aspects de la durabilité ne soit exacerbé.

Alors qu'en Gambie les produits de la pêche sont davantage exportés et qu'au Mali ils sont plutôt consommés localement, nous avons montré que certains acteurs peuvent jouer plusieurs rôles et avoir des effets importants sur l'ensemble de la chaîne de valeur. Ainsi, les industries de farine de poisson ont un effet socio-économique considérable en Gambie, alors qu'au Mali c'est le poisson congelé importé qui transforme les relations dans la chaîne de valeur.

Les infrastructures de pêche sont très insuffisantes dans les deux pays en raison d'un manque d'entretien et d'investissements minimes dans son développement. Les sites de débarquement, qui font souvent office de sites de transformation et de commercialisation, ne disposent généralement pas d'installations de réfrigération fonctionnels ou ont une capacité de production de glace limitée, n'ont pas accès à l'eau et à l'assainissement, et disposent d'installations de transformation du poisson surpeuplées et précaires. Par conséquent, une mesure clé consisterait à réhabiliter les infrastructures existantes et à en construire de nouvelles, qui, associées à des méthodes de transformation innovantes ou mieux adaptées, permettraient de réduire les pertes de poisson et les émissions de déchets.

Les entreprises artisanales de transformation du poisson devraient être formées à des techniques améliorées et avoir accès à des installations plus performantes, ce qui permettrait de réduire la détérioration du poisson. L'achat de camions frigorifiques par les poissonniers permettrait également de réduire la détérioration et la dépendance à l'égard des usines de fabrication de glace pour le transport. Au Mali en particulier, des pratiques et des équipements de transformation du poisson plus efficaces réduiraient en outre la pratique consistant à appliquer des pesticides sur le poisson fumé pour réduire la détérioration.

En Gambie, les relations sont tendues entre les pêcheurs industriels et artisanaux, entre les producteurs de farine de poisson et la population en général et, dans une moindre mesure, entre les pêcheurs artisanaux étrangers (la grande majorité) et les pêcheurs locaux. Ces relations pourraient être améliorées en faisant respecter les règles officielles et en améliorant la communication.

Ce type d'analyse permet d'éviter d'ignorer des acteurs importants qui n'apparaissent pas dans les registres ou dans les statistiques officielles, comme c'est le cas pour les pêcheurs occasionnels au Mali.