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Des espèces forestières au service de la transition énergétique : vers une filière Bois Energie
Une filière Bois Energie à enjeux multiples pour l’île
Dans le cadre de sa transition énergétique actée dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), La Réunion s’est engagée à diversifier son mix énergétique pour diminuer l’empreinte carbone de sa production électrique. A cet effet, la structuration d’une filière durable bois-énergie est une opportunité pour le territoire. L'enjeu est de fournir aux centrales électriques un combustible renouvelable et local, en complément de la bagasse et d’autres sources de biomasses ligneuses, en valorisant mieux le potentiel des terrains forestiers et en évitant les conflits avec les usages existants.
Le Cirad s’intéresse plus particulièrement à l’Acacia Mearnsii, identifié comme une ressource majeure. Cette espèce exotique envahissante, aussi connue comme « mimosa vert », a colonisé différentes zones de l’île, notamment le massif des Hauts Sous le Vent (Hauts de Saint Paul). Acacia mearnsii s’y est largement disséminé suite aux incendies du Maïdo, à proximité d’autres formations forestières comme le Cryptomeria (cryptomeria japonica) ou le Tamarin des Hauts (acacia heterophylla) endémique de La Réunion. Contrairement au Cryptomeria ou au Tamarin, le bois d’acacia a peu d’intérêt comme bois matériau. Aussi, la perspective d’une filière bois énergie est une opportunité pour mieux gérer les zones les plus envahies, tout en concentrant les efforts de lutte à proximité des zones protégées pour prévenir les risques de dissémination. Mais le potentiel de la filière est encore incertain par manque de connaissances sur la ressource, sur les itinéraires techniques d’exploitation et sur l’organisation logistique d’une telle filière. Le Cirad a mis à disposition ses compétences multidisciplinaires pour traiter ces questions.
Localiser les sites exploitables en Acacia Mearnsii
Ces travaux ont été initiés en 2020 dans le cadre de la thèse d’Hélène BLEY-DALOUMAN, encadrée par François BROUST (UPR BioWooEB) et Annelise TRAN (UMR TETIS).
Dans le cadre de ma thèse, je me suis concentrée sur le massif forestier des Hauts Sous le Vent, dans le but de mieux localiser les surfaces d’Acacia Mearnsii mobilisables pour du bois énergie. Pour ce faire, nous avons collecté des données sur le terrain, puis développé une méthodologie qui combine différentes approches spatiales (télédétection, systèmes d’information géographique, modélisation). Ces outils permettent par exemple de distinguer l’acacia parmi d’autres espèces forestières voisines. Autre exemple : nous avons aussi pu intégrer à nos modèles les contraintes topographiques qui peuvent limiter l’accès aux parcelles pour l’exploitation ou le transport du bois jusqu’à la centrale
Cette thèse, qui sera soutenue fin 2023, a ainsi permis d’explorer plusieurs approches qui ont été partagées avec les acteurs de cette filière émergente. Ces échanges ont débouché sur de nouvelles perspectives de collaboration en réponse à leurs besoins.
Une campagne terrain pour mieux caractériser la ressource en bois d’Acacia mearnsii
Un premier besoin était de mieux quantifier le gisement en bois énergie, associé aux formations d’Acacia mearsnii cartographiées, qui se caractérisent par la forte hétérogénéité des peuplements (structure, densité, âge, mixité avec d’autre espèces forestières…). Ces travaux font l’objet du projet BECARUN, financé par l’ADEME Réunion, en partenariat avec l’ONF et l’INRAE.
Dans un premier temps, des placettes ont été sélectionnées à l’appui des cartographies réalisées et de repérages terrain complémentaires, puis survolées par un drone équipé d’un capteur laser (LiDAR). Ensuite, les arbres de ces placettes ont été inventoriés et coupés avec l’appui des équipes de l’ONF, pour acquérir une nouvelle base de données quantitatives (hauteur, diamètre, volume…) qui après traitement pourraient permettre de mieux prédire la variabilité des volumes de bois à l’échelle d’une parcelle ou du massif forestier. Enfin, des caractérisations en laboratoire d’échantillons de bois prélevés sur ces placettes permettront d’affiner le potentiel énergétique de la ressource.
Pour en savoir plus, suivez François Broust (UR BioWooEB) sur sa journée de travail afin de comprendre les enjeux de la mise en place d’une telle filière.
… Un projet désormais élargi à l’ensemble des ressources forestières
Dans la continuité de ces initiatives, le Cirad, l’ONF et ALBIOMA ont acté en 2022 leur collaboration sur la thématique du bois énergie. Ce partenariat public/privé s’est concrétisé par un projet de 3 ans financé par ALBIOMA, dans lequel le Cirad poursuivra ses travaux (caractérisation de la ressource, modélisation et évaluation d’itinéraires techniques) en élargissant son champ à l’ensemble des biomasses forestières, dont les coproduits d’exploitation du Cryptomeria.
A cet effet Pierre-Marie Cogné, ingénieur forestier, a été recruté pour renforcer l’UR BioWooEB à La Réunion et mener à bien ce projet de 3 ans.