Accompagner les pratiques agricoles pour mieux préserver la ressource en eau potable et la biodiversité

Organisé dans le cadre du projet Territoires Durables (financé par le Ministère des Outre-Mer) et du dispositif de programmation en partenariat SADur (Système alimentaire durable en milieu insulaire), une quarantaine de participants dont une vingtaine d’agriculteurs partenaires de la zone ont pris part à cette journée d’atelier. Cet évènement fait suite à première série d’ateliers réalisés au printemps 2021 et 2022 qui ont permis  de partager la manière dont les différents acteurs représentaient la gestion de l’enherbement dans les exploitations agricoles à La Réunion. Ce travail a abouti à une représentation partagée, qui permet à l’ensemble de ces acteurs d’échanger en bonne entente sur ce sujet central d’un point de vue économique et environnemental. 

Trois temps forts ont agrémenté cette demi-journée :

1.    La présentation des résultats du suivi de la qualité de l’eau

Mis en œuvre dans le cadre du projet, les recherches sur la qualité de l'eau ont pour but de :

• Identifier et comprendre les facteurs qui contribuent à au maintien ou à la dégradation de la qualité de l’eau afin de déterminer des leviers mobilisables pour réduire la pollution de l’eau par les pesticide;
• Construire un outil d’interaction ou « serious game » qui permette de rassembler les acteurs afin de construire et d’évaluer des scénarios d’évolution de pratiques agricoles sur des territoires à enjeux pour l'eau à La Réunion. 

Les résultats de qualité de l’eau qui ont été présentés sont issus de prélèvements hebdomadaires réalisés en 2021 sur trois points de prélèvements différents dans le bassin versant de la Ravine Charrié/Ravine du Pont à Petite-Ile (974). 

Ainsi, en 2021, 147 échantillons ont été analysés (49 semaines de prélèvements sur 3 points). Douze molécules différentes ont été retrouvées, certaines plusieurs fois. Ces molécules se révèlent être majoritairement des herbicides dont la présence dans l’eau contraint actuellement l’exploitation des captages d’alimentation en eau potable. Il apparait alors essentiel d’accompagner les acteurs des milieux agricoles, institutionnels et territoriaux dans une démarche collective visant à permettre un changement des pratiques de gestion de n’enherbement vers de plus respectueuse de la ressource en eau et de l’environnement. 

2.    La présentation des résultats de suivi de la biodiversité dans les parcelles de canne à sucre
 

Un des moyens de lutte privilégié pour lutter contre les ravageurs de culture en limitant l’usage des pesticides est la lutte biologique. Elle repose un principe de base qui consiste à introduire des espèces végétales (cultivées ou naturelles) qui attirent les auxiliaires des cultures afin qu’ils puissent s’attaquer aux insectes nuisibles.
Ici, les travaux du Cirad visent à étudier l’impact des pratiques culturales et des facteurs environnementaux sur la biodiversité fonctionnelle (ravageurs/auxiliaires) dans les systèmes à base de canne à sucre afin d’identifier des leviers agroécologiques de gestion des ravageurs limitant les intrants chimiques. La présentation de ces travaux ont permis de sensibiliser les participants sur la qualité de la biodiversité fonctionnelle et son lien direct avec les pratiques agricoles mises en œuvre. 

3.    Des ateliers participatifs pour innover sur le territoire.

Trois ateliers de conception territoriale et participative ont été mis en place. Ils visaient à : 
-    Inclure les acteurs du territoire dans cette démarche
-    Décloisonner les réflexions menées au sein des filières
-    Dépasser l’échelle de réflexion parcellaire pour mieux mobiliser les leviers du territoire

Au sein de ceux-ci, un des trois thème ont été travaillé :
Thème 1 : Un territoire de ressources pour gérer l’enherbement
Thème 2 : La filière du bassin versant de la Ravine Charrié / Ravine du Pont 
Thème 3 : Un territoire qui favorise la rencontre de l’offre et la demande

Les interactions entre les différents participants sur chacun des thèmes a fait émerger de nouvelles idées, innovantes et parfois en rupture. Ils ont également permis d’identifier les connaissances disponibles et manquantes pour permettre leurs éventuelles mises en œuvre. Parmi ces innovations on trouve par exemple : la mise en place de chantier participatif de désherbage, des plateformes de mises en commun de la main d’œuvre agricole ou la création d’espaces de convivialité entre les agriculteurs et la population du territoire... Après une sélection et une caractérisation de ces différentes idées, ces dernières pourraient être intégrés et modélisés au sein du serious game développé dans le cadre du projet. Cela fera l’objet d’un futur atelier. 

En conclusion il apparait que la réduction des usages des produits phytosanitaires doit se réfléchir à la fois individuellement mais également de manière collective. L’ensemble des acteurs du territoire ont un rôle à jouer dans cette transition.