Urgence climatique en Amazonie : le Cirad en appui aux femmes indigènes de la région de Paragominas

04/10/2023
Vendredi 29 septembre, à Belém dans l'Etat du Pará au Brésil, l'Espace São José Liberto a accueilli l'événement "Politiques de bioéconomie pour les populations indigènes" qui a commencé par la signature d'un accord de coopération tripartite entre l'Institut de Développement Forestier et de Biodiversité de l'État du Pará (IDEFLOR-Bio), l'Université d'État du Pará (UEPA) et le Cirad.

© Joao Vitor Santos e Pablo Alives, Ascom - IDEFLOR-Bio, R. Poccard-Chapuis, Cirad

Aux confins des fleuves Gurupi et Guamá, en Amazonie orientale brésilienne, subsiste un massif forestier de 14.000 km2, le dernier grand massif dans cette région d’endémisme la plus menacée d’Amazonie. L’importance de ces forêts est cruciale pour la biodiversité, mais aussi pour les équilibres climatiques régionaux : grâce à l’évapotranspiration forestière, ce massif irrigue les fleuves aériens, ces masses d’air humides qui traversent la région et vont provoquer des pluies jusqu’à 2000 kilomètres plus au Sud, dans les savanes proches de Brasília.

Les populations indigènes et notamment le peuple Tembé habitent cette région et la défendent contre les dégradations et intrusions illégales, qui visent les ressources forestières et halieutiques, l’appropriation de terres arables, le trafic de drogues. 

Grâce à leur capacité à se mobiliser et s’organiser collectivement, les femmes indigènes du fleuve Gurupi ont créé une association, l’AMIG, qui permet de saisir les autorités publiques en cas d’alerte, de mobiliser des partenaires du développement pour des actions en partenariat. Ainsi est né par exemple le groupe des « gardiens de la forêt », qui rassemble les hommes des différents villages indigènes en brigades, pour combattre les incendies, défendre l’intégrité du territoire, protéger les ressources des fleuves et des forêts.

Le CIRAD a établit un partenariat avec l’AMIG dans le cadre du projet TerrAmaz, avec des activités autour de la formation, par exemple sur l’usage de drones (lien), de la communication, mais aussi de l’agriculture sans feu, de la sécurité alimentaire et de la production d’artisanat, principale source de revenus pour les femmes indigènes.

Le directeur régional du CIRAD au Brésil, Pierre Marraccini, signe l’accord tripartite de coopération avec IDEFLOR-BIO et UEPA, visant l’appui au peuple indigène Tembé © R. Poccard-Chapuis, Cirad

Le directeur régional du CIRAD au Brésil, Pierre Marraccini, signe l’accord tripartite de coopération avec IDEFLOR-BIO et UEPA, visant l’appui au peuple indigène Tembé © R. Poccard-Chapuis, Cirad

Vendredi dernier ce partenariat a pris une nouvelle dimension avec la signature d’un accord tripartite unissant le CIRAD avec le service forestier du Pará (IDEFLOR-BIO) et l’Université de l’Etat du Pará (UEPA). L’objectif est de renforcer l’appui au peuple Tembé par des actions complémentaires des trois institutions, orientées sur la production durable d’aliments, la restauration et la valorisation des forêts. Agriculture sans feu, systèmes agroforestiers, production de graines issues de la forêt primaire, sont les activités prévues pour les trois prochaines années. Les activités du CIRAD dans ce cadre reçoivent l’appui financier de l’AFD (projet TerrAmaz) et de l’Union Européenne (projet Sustenta & Inova).

La journée de vendredi a aussi marqué une étape historique pour l’AMIG, avec l’organisation au pole de la joaillerie de la capitale Belém, d’un défilé de bio-bijoux artisanaux produits par les femmes indigènes du Gurupi. Ce fut également l’occasion du lancement d’un livre co-édité par le Cirad, expliquant la production de ces bio-bijoux indigènes sur les rives du fleuve Gurupi. Un point de vente permanent des bio-bijoux de l’AMIG a été inauguré dans ce centre réputé de bijouterie amazonienne, il permettra de divulguer et valoriser la culture Tembé, et de produire des revenus salutaires pour l’association.

La présidente de l’AMIG, Valsanta Tembé, inaugure le point de vente de bio-bijoux Tembé, au pôle de bijouterie amazonienne de Belém © R. Poccard-Chapuis, Cirad

La présidente de l’AMIG, Valsanta Tembé, inaugure le point de vente de bio-bijoux Tembé, au pôle de bijouterie amazonienne de Belém © R. Poccard-Chapuis, Cirad

Le CIRAD montre par son appui sans failles aux femmes indigènes de l’AMIG, comment renforcer sur le terrain l’autonomie des populations indigènes et leurs capacités à défendre leurs droits, contribuer au développement durable de la région amazonienne.