Séminaire final de restitution du projet Agrumiculture - Gestion agro-écologique des vergers d'agrumes sous la double contrainte du HLB et de l'enherbement

05/12/2023
Le projet Agrumiculture est arrivé à son terme cette année, en 2023. A cette occasion, le Cirad et les partenaires du projet, ont organisé, le 7 novembre 2023 sur le site du Campus Agro-environnemental Caraïbe (CAEC), la restitution finale des actions menées depuis 2019. Une part importante du séminaire a été consacrée aux moyens de lutte contre la maladie du dragon jaune et la gestion agroécologique de l’enherbement des vergers, l’agroforesterie, la mise en place d’une structure de quarantaine, les associations variétales ou encore la diversification. Ces présentations ont été suivies avec beaucoup d’intérêt par les participants avec des échanges riches, concluant à la promotion et à l’accompagnement des producteurs vers ces pratiques agroécologiques.
Séminaire de restitution du projet Agrumiculture © J Réminy, Cirad
Séminaire de restitution du projet Agrumiculture © J Réminy, Cirad

Séminaire de restitution du projet Agrumiculture. © J Réminy, Cirad

Le séminaire a réuni tous les partenaires du projet
  • Le Cirad
  • La Chambre d'Agriculture
  • L’EPLEFPA (Etablissement Public d’Enseignement Agricole du Robert)
  • la FREDON (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles)
  • l’IT2 (Institut Technique Tropical)

Après l’ouverture officielle de la manifestation par la Directrice du CAEC, Marie-Madeleine Bertrand, Claire Amar, Chercheure agronome au Cirad et cheffe du projet, a rappelé la genèse et les objectifs du projet.

Faire face aux contraintes de la culture des agrumes : la maladie du dragon jaune et l'enherbement

Le Citrus greening ou HLB (Huang Long Bing), ou encore appelé Maladie du dragon jaune, est l’une des plus graves maladies des agrumes dans le monde. Il est présent en Martinique depuis 2012 et menace sévèrement la production locale. Aucun traitement ne peut enrayer cette maladie, et aucune variété résistante n’existe à ce jour. Cette maladie est transmise par le psylle asiatique des agrumes (Diaphorina citri Kuwayama), un insecte piqueur suceur, principal vecteur de l’agent pathogène responsable du HLB.

L’autre contrainte pour l’agrumiculture est l’enherbement des vergers suite à la suppression sur le marché, de plusieurs herbicides. Cela contraint les producteurs à des dépenses élevées en personnel pour du désherbage mécanique.

Pour ces deux contraintes, seules des mesures de prophylaxie, avec l’utilisation de variétés tolérantes et des pratiques agro-écologiques de gestion de l’insecte vecteur du HLB, et de gestion de l’enherbement permettront de maintenir la filière dans des conditions de rentabilité satisfaisantes.

Présentation des actions en cours

La matinée s’est poursuivie par un exposé des trois actions :

1 - Qualité et adaptation du matériel végétal

Jacques Louisor, Responsable du pôle amélioration variétale à l’IT2 a présenté les activités « appui à la production de matériel végétal de qualité » menées en partenariat avec la Chambre d’Agriculture.

Cette action incluait également l’aménagement et l’agrément d’une structure de quarantaine qui permettra à terme, l’introduction sécurisée de matériel végétal performant et diversifié en provenance de centres de recherche extérieurs (Guadeloupe, Corse, Espagne).

L’évaluation de matériel végétal adapté au contexte HLB a été présentée par Claire Amar puis M. Eliazord, chef d’exploitation de l’EPLEFPA. Un dispositif d’une soixantaine d’arbres plantés en 2020 au sein du Lycée du Robert, véritable support pédagogique et parcelles d’essais pour la recherche, révèle que les limequats restent chétifs et se développent peu (voire meurent du HLB), alors que les populations de pomelos et de limetiers de Tahiti résistent bien.

2 - Contrôle biologique des ravageurs vecteurs du HLB

Pour cette deuxième action, deux expérimentations dans deux vergers pilotes du RITA étaient concernées. Clovel Pancarte, chercheur au Cirad, a présenté les résultats de l’évaluation de l’entomofaune aérienne de différents vergers conçus pour réduire les populations de psylles :

  • association culturale d'agrumes et d'une variété de goyaviers sauvages répulsifs au psylle asiatique (Diaphorina citri) en s'affranchissant des traitements mensuels d'insecticides
  • association culturale d'agrumes et de fruitiers non hôtes du psylle : cerisier pays ou Acérola (Malpighia punicifolia ou glabra), cupuaçu (Theobroma grandiflorum),
  • inclusion d'une bordure d'abricotiers pays (Mamey americana) servant de barrière physique à ce même ravageur.

L’association avec les goyaviers s’est révélée très efficace, et la diversification des vergers contribue à l’enrichissement des habitats pour la faune auxiliaire. Le suivi des psylles doit cependant se poursuivre sur une plus longue période afin de valider ces premiers résultats.

 

Verger pilote de l'exploitation de M.Troudart - Association agrumes-goyaviers. © C Pancarte, Cirad

Verger pilote de l'exploitation de M. Troudart - Association agrumes-goyaviers. © C Pancarte, Cirad

Lors de cette restitution, il a été souligné la bonne collaboration de Monsieur Troudart, agriculteur-pépiniériste pour l’expérimentation menée dans son verger d’agrumes, et la forte contribution du partenaire FREDON pour le suivi du HLB et pour l’identification d’arthropodes aériens.

L’association culturale d’agrumes et de fruitiers non hôtes du psylle : cerisier pays ou Acérola (Malpighia punicifolia ou glabra), cupuaçu (Theobroma grandiflorum), mise en place en juin 2021 et conduit sans pesticide ni intrant chimique semble avoir favoriser la lutte biologique par conservation pour la gestion du psylle asiatique et les principaux ravageurs.

Les observations menées par les partenaires n’ont pas révélé la présence du HLB, du psylle asiatique et du chancre citrique pendant la période dans la zone. L’association d’agrumes et de fruitiers non hôtes du psylle renforcée par l’olivier pays et d’abricotiers pays (Mamey americana) en bordure de parcelle ont montré une certaine efficacité, ces derniers semblent jouer pleinement leur rôle de barrière physique. Ce système de gestion de ressources naturelles, doit être poursuivi.

3 - Pratiques agroécologiques pour la gestion de l’enherbement

Clovel Pancarte et M. Eliazord ont démontré la possible gestion de l’enherbement avec le Desmodium heterocarpon comme plante de couverture et l’utilisation de cultures vivrières couvrantes en inter rang des arbres fruitiers comme la patate douce (Ipomoea batatas) et le giraumon (cucurbita maxima). Ce système agroforestier offre des solutions alternatives au désherbage mécanique coûteux à la débroussailleuse, et une diversification des revenus.

L’utilisation du Desmodium heterocarpon, des cultures de patate douce et du giraumon en recouvrement du sol, ont permis de limiter le désherbage manuel et le fauchage mécanique.

Des résultats d’observations de trois à quatre mois sans fauchage ni de désherbage mécanique ont été montrés. De même, les deux cultures ont eu des rendements à l’hectare proches des itinéraires techniques conventionnelles, donnant une ressource lucratives supplémentaire à l’arboriculteur.

Enfin, des méthodes moins couteuses utilisées à l’implantation des plantes de couvertures en verger, telles que l’absence du travail du sol et l’utilisation de bâche d’occultation, le paillage et l’utilisation du bois raméal fragmenté (BRF) ont été présentées et discutées.

Monsieur Eliazord a rappelé que le verger pilote de l’EPLEFPA, CFPPA du Lorrain, sert de modèle aux arboriculteurs et d’outils pédagogiques aux étudiants de la filière.

Séminaire de restitution du projet Agrumiculture. © I Jean-Baptiste, Chambre d'Agriculture

Séminaire de restitution du projet Agrumiculture. © I Jean-Baptiste, Chambre d'Agriculture

Séminaire Agrumiculture - présentation de posters. © I Jean-Baptiste, Chambre d'Agriculture

Séminaire Agrumiculture - présentation de posters. © I Jean-Baptiste, Chambre d'Agriculture