Diffusion et impacts de la maladie dans des systèmes de polyculture type jardin créole : Fusariose race 4 tropicale

20/06/2023
Dans le cadre du projet Bio2div, Interreg Caraibes 2022-2023, une étude sur les modes de dispersion de Foc TR4 et son comportement dans les systèmes de polyculture est menée. Pour cela, il a fallu se rendre à Mayotte.

Fluorimètre Génie 2 pour test LAMP

La Fusariose TR4 est une maladie qui cause des ravages dans les bananeraies du monde. L’expertise du Cirad, pour la zone Amérique Latine et Caraïbe, sur la maladie est localisée en Guadeloupe. Les connaissances sur cette maladie reposent le plus souvent sur des études en contexte de monoculture intensive. Or, la banane est cultivée dans d’autres systèmes, comme les jardins créoles (figure 1), systèmes de polyculture ou de polyculture-élevage proche des agroécosystèmes, qui restent courants dans la Caraibe. Ainsi, il est important pour nos régions ultramarines d’obtenir plus de données sur le comportement de la Foc TR4 dans ces conditions. C’est pourquoi, la zone d’étude du projet a dû s’élargir à l’Océan Indien, où se situe l’archipel de Mayotte. Premier foyer Foc TR4 de France, l’archipel de Mayotte offre un contexte d’étude de la maladie dans des systèmes proches de l’agroécologie et de nos jardins créoles.

Figure 1 : Un jardin mahorais, où papayers, vitro plants de bananier et culture maraîchères se côtoient © Yolande Chilin-Charles.

La TR4 à Mayotte

A ce jour, les dommages causés par la Foc TR4 à Mayotte, à l’échelle des parcelles, et même des plants, sont inférieurs à ceux connus dans la littérature. D’où les interrogations sur les freins et accélérateurs de la maladie au sein de cet archipel, qui pourraient nous éclairer sur les leviers à actionner pour mieux contrôler la maladie aux Antilles. Les réponses sont peut-être dans l’impact des systèmes de polyculture sur le champignon. En effet, d’une part la diversité au sein des agrosystèmes peut par exemple favoriser la fertilité du sol, mais aussi, entraver la dispersion des pathogènes et des ravageurs et d’autre part, les pratiques culturales et activités humaines peuvent favoriser la dispersion de la maladie.

Méthodes employées

 

Figure 2 : Actions convenues dans l’étude : enquête sur les pratiques culturales, analyses sur bananiers, adventices et sol

Figure 3 : Transport de bananiers entre parcelle : un facteur de dispersion de la maladie

L’étude qui a débuté en février 2023, s’est déroulée dans cinq communes de l’archipel mahorais. Sur cinq parcelles, trois sont des foyers reconnus de la maladie et deux font partie d’un dispositif expérimental du Cirad.  Elle a permis une énième mise au point du test LAMP au champ pour la TR4, permettant une détection rapide et non destructive.
A ce jour, plusieurs adventices se sont révélées positives au test LAMP pour la détection de la FOC TR4. Parmi elles, Vigna radiata (Haricot Mungo), Phyllanthus amarus (Graine-en-bas-feuille) ou encore Portulaca oleracea (Pourpier) sont des hôtes et réservoirs de la maladie suggérés par le test LAMP. L’efficacité de la méthode a permis de détecter deux nouveaux foyers, témoignant de la dispersion silencieuse du pathogène sur l’île.