Voies d’amélioration des performances agronomiques des associations sorgho-niébé en zone soudano-sahélienne du Burkina Faso

29/11/2022
Aminata GANEME soutiendra sa thèse de doctorat le 17 décembre 2022 à 8h à la bibliothèque numérique de l'AUF de l’université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) à Ouagadougou. Ses résultats mettent en évidence l’importance du choix variétal sur les performances agronomiques de l’association sorgho-niébé dans le même poquet, type d’association le plus pratiqué en zone soudano-sahélienne du Burkina Faso. Ce type d’association a permis d’améliorer la productivité en grains des différents couples de variétés testés. Les variétés de niébé à port semi-rampant ou semi-érigé et à cycle court ont mieux favorisé la productivité du sorgho et du système global.

association dans le même poquet (A) au stade montaison et (B) et épiaison du sorgho  © Aminata GANEME

Les associations céréales-légumineuses constituent un des systèmes de culture les plus couramment pratiqués en Afrique sub-saharienne. Malgré les multiples avantages agroécologiques de l’association, les rendements de l’association sorgho-niébé sont faibles en zone soudano-sahélienne du Burkina Faso.

Pour atteindre ces objectifs, des enquêtes individuelles auprès de 170 producteurs et un suivi de 80 parcelles paysannes ont été réalisés dans trois communes de la région du Centre-Nord du Burkina Faso. Une sélection participative de variétés de sorgho et de niébé a ensuite été conduite à la station de recherche de Saria dans le Centre-Ouest du pays. Deux expérimentations distinctes ont été conduites afin d’évaluer les performances agronomiques des variétés sélectionnées soit, 13 variétés de sorgho en association avec une même variété de niébé d’une part, et d’autre part, 11 variétés de niébé en association avec une même variété de sorgho. Enfin, le modèle de culture STICS a été calibré et utilisé pour évaluer l’effet des climats futurs sur les rendements du sorgho et du niébé en fonction des variétés et des systèmes de culture.

Les résultats ont montré que l’association sorgho-niébé dans le même poquet est le système de culture le plus pratiqué par 98% des enquêtés. Elle se pratique essentiellement avec des variétés locales (92% pour le sorgho et 67% pour le niébé). Les rendements sont très variables (CV=74% pour le sorgho et 47% pour le niébé) et faibles avec en moyenne 416 kg/ha de sorgho et 240 kg/ha de niébé. La caractérisation des variétés a permis de sélectionner 13 variétés de sorgho, contrastées sur le plan morphologique, racinaire et la teneur relative en chlorophylle. Au niveau du niébé, 11 variétés contrastées sur la base de la phénologie et des rendements en biomasse et en grains ont été sélectionnées. L’évaluation des performances de ces variétés en association indique une meilleure productivité en grains de l’association pour l’ensemble des variétés en culture pure. Des combinaisons optimales de productivité (gain en productivité des deux composantes de l’association) ont été obtenues avec les variétés de sorgho CSM 63E, Pisnou et PSE08 G1/21-1G1, et les variétés de niébé Kvx396-4-5-2D, Yiisyande, Niizwe et Tiligré. La durée de cycle du sorgho, la hauteur, et la teneur en chlorophylle dans les feuilles du sorgho ont été les caractères qui ont le plus contribué à la variabilité des rendements en grains des variétés de sorgho. Tandis que la durée du cycle, la longueur des ramifications, et le ratio de compétitivité du niébé ont été les caractères du niébé les plus influents sur les rendements en grains du sorgho associé. Par ailleurs, l’analyse des scénarii climatiques a montré des changements de rendements à l’horizon 2050, variant de -100% à +200% pour le sorgho et -60% à +80% pour le niébé. Le climat futur relativement froid et sec a été le plus favorable aux rendements des deux cultures, contrairement au climat froid et humide. Les rendements ont été plus stables en association qu’en culture pure, pour le sorgho local et les deux variétés de niébé.

La thèse de Aminata GANEME s'inscrit dans le cadre du projet Optimisation des Rotations et Associations Céréales-Légumineuses (ORACLE) financé par la fondation Avril. Au Burkina Faso, le projet est mis en œuvre par le CIRAD en partenariat avec l’Institut National de l’Environnement et de la Recherche Agricole (INERA) et l’Association Minim Song-Panga (AMSP). Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un dispositif sous régional plus large dP IAVAO (dispositif en partenariat / Innovation et Amélioration Variétal en Afrique de l’Ouest) dont l’objectif est de repenser l'amélioration variétale en reconnaissant la diversité et la complexité des agro-systèmes et des demandes variétales correspondantes.