Le 18 novembre, Chloé Alexandre soutient sa thèse en sciences de gestion sur les services numériques de conseil agricole au Burkina Faso

08/11/2022
Chloé Alexandre, doctorante à l’UMR Innovation, soutiendra sa thèse en sciences de gestion le 18 novembre sa thèse intitulée "Opérationnalisation et évaluation de la capacité d'innovation ouverte dans les services dans un contexte contraint : le cas des services numériques de conseil agricole au Burkina Faso". La soutenance aura lieu à 9h45 à l'Institut Agro Montpellier (Amphi 206, Bâtiment 9). Elle sera retransmise en direct sur le site audiovisuel de l'Institut Agro.

Un conseiller utilisant l’application smartphone RiceAdvice à Bama. © Chloé Alexandre, Cirad.

Si les outils numériques sont de plus en plus mobilisés en Afrique sub-saharienne, leur potentiel pour répondre aux différents besoins de conseil des agriculteur⸱rice⸱s demeure encore peu exploité. En effet, de nombreux services numériques de conseil agricole ne répondent pas aux attentes des usager⸱ère⸱s et sont difficilement pérennisés.

Les travaux de thèse de Chloé Alexandre proposent d’explorer les raisons de cette sous-exploitation du potentiel du numérique pour le conseil agricole en Afrique sub-saharienne à travers un nouveau prisme : la faiblesse de la capacité d’innovation ouverte des fournisseurs de conseil.

Le développement d’un service numérique de conseil agricole constitue en effet un processus d’innovation ouverte, c’est-à-dire reposant sur des échanges de ressources et de connaissances au-delà des frontières des organisations. Ce processus d’innovation ouverte génère des défis aux niveaux intra et inter-organisationnels. Pour y faire face, les fournisseurs de conseil ont besoin de capacités spécifiques, dont la nature reste toutefois à identifier. En effet, les travaux existants ne présentent qu’une vue partielle des capacités requises pour l’innovation ouverte dans les services et ne prennent pas en compte les spécificités de l’innovation agricole en Afrique sub-saharienne (dont le caractère asymétrique des partenariats et le recours à des financements externes).

Ces travaux de thèse mené au Burkina Faso visent donc à caractériser et évaluer les capacités dont les fournisseurs de conseil ont besoin pour mener à bien ce processus d’innovation ouverte dans un contexte contraint.

Après avoir mené des enquêtes au niveau des organisations et des réseaux pour identifier les défis freinant le développement des services numériques de conseil agricole au Burkina Faso, la doctorante a travaillé avec deux organisations de producteur⸱rice⸱s burkinabè ayant numérisé leur service de conseil pour développer une grille d’évaluation contextualisée de la capacité d’innovation ouverte dans les services. L’évaluation conduite avec cette grille a permis d’identifier les capacités cruciales pour développer des services numériques de conseil innovants, dont des capacités dynamiques (capacité à explorer les attentes des utilisateurs et les opportunités et risques technologiques ; à défendre ses intérêts et gérer les conflits ; à inclure les usagers dans la conception ;  à étendre et pérenniser le nouveau service ; à façonner l’environnement de collaboration) mais aussi des capacités techniques liées à l’usage du numérique (capacité à faire respecter ses droits sur les données et capacité à anticiper les effets et impacts du numérique). Les études de cas montrent également que disposer de faibles capacités ordinaires peut menacer le bon déroulement du processus d’innovation dans les services.

Ce travail de caractérisation des capacités d’innovation ouverte mené au Burkina Faso contribue donc à une meilleure compréhension des facteurs nécessaires au succès des processus d’innovation ouverte dans les services, qui plus est dans un contexte encore peu étudié. La grille d’évaluation développée constitue également un apport managérial pour les organisations souhaitant développer un service numérique de conseil agricole. Cette grille d’évaluation leur offre l’opportunité d’identifier la force ou faiblesse de leurs capacités ; et en fonction, de tester la pertinence de leur projet de numérisation du conseil et d’identifier les collaborations qu’ils auraient besoin de développer