Projet BiodivClo : analyser les impacts environnementaux et socioéconomiques des agroécosystèmes à base de giroflier

08/08/2024
Le paysage de la côte Est de Madagascar est marquée par les cultures de rente introduites par l’homme, notamment celles du giroflier, de la vanille et du litchi, qui assurent une grande partie des revenus des populations. Les agroécosystèmes à base de girofliers s'accompagnent souvent de niveaux de diversification très élevés. Et bien que cette diversification des cultures semble favorable aux agriculteurs, une analyse des interactions entre la biodiversité et les performances techniques, économiques et environnementales ainsi que la résilience de ces systèmes à base de girofliers reste nécessaire. C’est à cette analyse que s’attache le projet BiodivClo, mis en œuvre par le Cirad depuis 2023 avec le financement de l’agence nationale de la recherche française (ANR), en partenariat avec le Fofifa et l’AVSF. Le projet est menée dans une approche multi-échelle et multidisciplinaire en collaboration avec les communautés locales.
Parcelle de giroflier sur la côte Est de Madagascar © J. Sarron, Cirad
Parcelle de giroflier sur la côte Est de Madagascar © J. Sarron, Cirad

Parcelle de giroflier sur la côte Est de Madagascar © J. Sarron, Cirad

Le girofle, valorisé par ses clous et sa distillation en huile essentielle, figure parmi les principales sources de revenu assurant la sécurité alimentaire des agriculteurs de la côte Est, à côté de la vanille et du litchi. Les agroécosystèmes à base de giroflier sont souvent caractérisés par une grande diversité qui semble profiter aux agriculteurs mais dont les impacts sur différents domaines ne sont pas clairement connus. Le projet Biodiversity for resilience of clove-based agroecosystems in Madagascar (BiodivClo) vise à analyser cet impact des systèmes à base de giroflier sur l'environnement et sur la socio-économie des producteurs. Cet objectif est poursuivi dans une approche multidisciplinaire et multi-échelle, en caractérisant la structure et la gestion de la biodiversité végétale et sa relation avec une culture de rente, le giroflier, dans les différents types d'agroécosystèmes. Le projet implique également l'analyse des services écosystémiques fournis par la biodiversité et la résilience économique et environnementale du système d'activité.

Une approche multidisciplinaire partant de l'arbre au système d'activité

Dans l'analyse des services écosystémiques fournis par la biodiversité dans les différents types de systèmes à base de giroflier dans les tanety, ainsi que de la résilience économique et environnementale des systèmes d'activité (comme l'exploitation et le ménage) en fonction de la biodiversité, le projet Biodiv Clo rassemble une équipe multidisciplinaire et aborde différentes échelles, de l'arbre au système d'activité. Une approche innovante basée sur des données de terrain et la participation des agriculteurs est ainsi mobilisée.

Le projet s'attache à trois objectifs.

  1. Le premier, c'est de déterminer comment la culture du giroflier et ses deux usages (production de clous de girofle et d'huile essentielle) influencent la biodiversité végétale des agroécosystèmes.
  2. Le second, c'est de connaître le degré d'interaction entre la biodiversité des agroécosystèmes et les résiliences économiques et environnementales des exploitations.
  3. Et le troisième consiste à évaluer les potentialités de la biodiversité pour augmenter et stabiliser leurs performances techniques, environnementales (durabilité) et économiques des exploitations agricoles à base de giroflier.

Des dispositifs mis en place pour une approche multi-echelle

Représentation schématique de la complexité des tanety de la côte Est de Madagascar © M. Desmurs, Cirad

Représentation schématique de la complexité des tanety de la côte Est de Madagascar © M. Desmurs, Cirad

Le projet BiodivClo se focalise d'abord sur un site d'étude, le village d'Antsirakoraka  dans la Commune de Maromitety, district de Vavatenina, en plein cœur de la zone giroflière. Sur ce village, différents dispositifs sont mis en place afin d'assurer l'approche multi-échelle et de réaliser des observations de l'arbre à l'exploitation agricole et encadrées dans le même milieu. Ces dispositifs sont des enquêtes immersives, des relevés écologiques, des mesures de biomasse, des suivis de récolte, de l'analyse paysagère des tanety et de la cartographie drone.

Certains de ces dispositifs sont également transposés sur d'autres zones d'études de la région Analanjirofo afin de comparer le site pilote avec des zones différentes (plaine rizicole, zone de forte production d'huile essentielle).

La communauté locale est fortement impliquée notamment sur le site pilote d'Antsirakoraka puisque les producteurs sont mobilisés pour les enquêtes, le suivi des récoltes et les focus groups. Ils pourront bénéficier des résultats de ce projet via les différentes restitutions et valorisation des résultats qui seront partenaires FOFIFA et AVSF.  

Vers une meilleure compréhension de la productivité des girofliers et des interactions de la biodiversité

La conduite du projet BiodivClo permettra d'avoir une meilleure compréhension des déterminants du rendement en clous et de leur impact probable sur l'économie des ménages; mais également une meilleure connaissance de la biodiversité végétale et des services écosystémiques associés dans les agroécosystèmes basés sur les cultures de rente sera produite.

Ce projet permettra également de quantifier le stock de carbone dans les systèmes agricoles et l'effet de la biodiversité végétale sur ce stock, puis d'explorer la durabilité environnementale de la production d'huile essentielle. Enfin, BiodivClo permettra d'estimer la contribution de la biodiversité à la sécurité alimentaire et à la résilience économique des ménages. Les résultats poseront les bases d'une re-conception, avec les agriculteurs, les agroécosystèmes et promouvoir leur diversification pour augmenter la durabilité et la résilience des ménages.

Les partenaires impliqués

BiodivCLo est financé par l'Agence nationale de la recherche Française (ANR) à hauteur de 325 000 Euros. Il implique des partenaires nationaux et français pour une durée de 3 ans, de 2023 à 2026.