Dilemmes de la transition agroécologique en Afrique dans une optique de soutenabilité forte - TAASF2050

Le projet TAASF2050, vise à modéliser l'usage des sols et la fertilisation azotée en Afrique d'ici 2050 pour soutenir la transition agroécologique dans l’hypothèse d’une soutenabilité forte. Cette transition, nécessaire en raison de la non durabilité du modèle d'agriculture conventionnelle, doit répondre aux défis posés par la croissance démographique et les changements alimentaires en Afrique.
Enclos mobile traditionnel à bétail utilisé pour la fumure (dëlla) © Pascal Bonnet, Cirad
Enclos mobile traditionnel à bétail utilisé pour la fumure (dëlla) © Pascal Bonnet, Cirad

Enclos mobile traditionnel à bétail utilisé pour la fumure (dëlla) © Pascal Bonnet, Cirad

Enjeux 

L’agroécologie apparait aujourd’hui comme une alternative à l’agriculture conventionnelle, qui avait permis l’augmentation des rendements agricoles sur la base d’intrants synthétiques (engrais minéraux et pesticides) lors de la révolution verte, mais est jugée non durable. Cette transition agroécologique, en s’appuyant sur la mobilisation des processus écologiques et notamment sur la relocalisation des cycles des nutriments, a des conséquences importantes sur l’usage des terres. Sur le continent africain où la croissance démographique est particulièrement forte, avec des changements de régimes alimentaires plutôt plus demandeurs en produits animaux, la transition agroécologique pourrait impliquer une augmentation des surfaces cultivées et pâturées au détriment des espaces naturels, notamment des forêts. Au cœur de ces enjeux de fertilité des sols et d’usage des terres, se trouve la question de la préservation de la biodiversité que l’on aborde à travers une modélisation des équilibres matières au niveau de la demande finale alimentaire et non alimentaire et des bouclages des cycles de l’azote.

Descriptif

L’objectif est de cerner les limites physiques à la généralisation d’un modèle agroécologique en Afrique, sous contrainte de réduction de la dépendance alimentaire du continent et dans une logique de soutenabilité forte. Le projet s’appuiera sur le modèle de type comptable GLOBAGRI, développé par le CIRAD, qui s’appuie sur des bilans pour définir des surfaces cultivées nécessaires pour équilibrer l’offre en produit agricole (production et import) et la demande pour ces produits (demande domestique, export, stocks). La préservation du capital naturel constituera une contrainte appliquée à la conservation des surfaces arborées, la limitation des intrants produits à partir d’énergie fossile et des pollutions d’origine agricole, le maintien du niveau de fertilité des sols. Les évolutions des diètes, de la population, des rendements et des usages des engrais azotés constitueront les principales variables d’entrée du modèle. La spatialisation des transferts locaux de fertilité sera modélisée et mise en cohérence avec le niveau national des modèles de bilan. Le projet permettra l’amélioration de ces modèles, notamment dans l’objectif de les rendre plus pertinents dans le cas de l’Afrique (mobilité animale, transfert de fertilité entre régions, etc.). 

Résultats attendus

Les résultats doivent permettre d’apprécier les implications de l’extension d’un scénario agroécologique sur le niveau de dépendance – ou indépendance - alimentaire des pays africains en tenant compte d’hypothèses différentes d’évolution des régimes alimentaires et de contraintes variables d’emprises sur les espaces naturels. Des analyses plus localisées de possibilité de mobiliser de la biomasse pour boucler les cycles de l’azote doivent permettre de mieux apprécier la marge de manœuvre de limitation de l’usage d’engrais minéraux. L’observation de l’équilibre entre les besoins et l’offre alimentaire, sous différents scénarios d’utilisation d’engrais azotés, en respectant les surfaces naturelles, mais aussi en évitant des niveaux de pollution dommageables pour la biodiversité permettra de dresser des bilans de GES selon les usages des terres, et in fine d’engager un dialogue politique avec les autorités des pays africains sur les opportunités et contraintes d’une transition agroécologique dans leur contexte national.