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- Résultats préliminaires sur la filière riz au Ghana
Filière riz : quel est l’impact de la mécanisation ?
Photo de groupe des participants et des animateurs de l'atelier à Avalavi (zone sud) © T. Bakker, Cirad
Deux projets complémentaires pour comprendre les mutations du travail agricole
Pour mieux comprendre les effets de la mécanisation dans la filière riz et analyser les transformations du travail dans les exploitations agricoles et les unités de transformation, des enquêtes auprès des producteurs et tout au long de la filière sont nécessaires.
Aussi, deux projets ont été menés au Ghana grâce au financement de l’initiative de recherche partenariale Afrique/Europe (TSARA). Ils ont été coordonnés au par l’Institute of Statistical,Social and Economic Research (ISSER), en collaboration avec l’INRAE et le Cirad, mène deux projets :
• Projet Mechanization and Work in Agroecological Transitions (MecaWat)
• Projet EmployAE
Le projet MecaWat, qui observe l’organisation du travail et les effets de la mécanisation dans les exploitations en transition agroécologique, croise ici les analyses du projet EmployAE, davantage centré sur la qualité de l’emploi et les conditions de travail des travailleurs agricoles. L’articulation de ces deux approches permet de mieux comprendre à la fois les transformations internes aux systèmes de production et leurs répercussions sociales, en reliant les pratiques des exploitants à la réalité vécue par les travailleurs.
Dans la région de la Volta et le district de Shai Osudoku (Greater Accra), les chercheurs ont enquêté auprès de 143 exploitations agricoles entre juin 2023 et juin 2024.
Trois enquêtes complémentaires ont permis de dresser un état des lieux précis :
• Une enquête auprès de fermes pour caractériser les structures de production et les moyens d’existence.
• Une enquête approfondie auprès de 40 exploitations pour analyser l’organisation du travail selon le genre et le statut des travailleurs.
• Une enquête auprès de 65 travailleurs pour évaluer leurs conditions d’emploi.
Des ateliers pour partager et valider les résultats
Les ateliers d’Avalavi (zone Sud) et de Hohoe (zone Nord) ont réuni une quarantaine de participants agriculteurs, travailleurs agricoles, représentants du Ministère de l’Agriculture (MoFA) et étudiants. Ces rencontres ont permis non seulement de restituer les résultats mais aussi de les confronter aux réalités et priorités locales.
Les discussions ont révélé trois grands axes de réflexion :
- La mécanisation : fortement valorisée pour réduire la pénibilité et les coûts, elle reste limitée par la rareté et le coût élevé des machines, leur maintenance difficile et le manque de services de réparation. Les agriculteurs ont aussi évoqué la nécessité de modèles collectifs de gestion et d’accès aux équipements.
- L’usage des intrants chimiques : s’ils offrent des gains de temps et de rendement, ils suscitent de fortes inquiétudes concernant la santé et l’environnement. Les producteurs ont signalé des effets négatifs directs (éternuements, démangeaisons, douleurs) et exprimé le besoin de formations sur les bonnes pratiques et d’alternatives plus durables.
- Le travail agricole : l’équilibre entre main-d’œuvre familiale et journalière reste fragile. La main-d’œuvre familiale permet une transmission de savoirs et une fiabilité accrue, mais peut générer des tensions. La main-d’œuvre salariée, bien que plus rapide et techniquement qualifiée, représente un coût important. À Avalavi, le désengagement des jeunes et la dépendance à la main-d’œuvre migrante ont été particulièrement soulignés, tandis qu’à Hohoe, les discussions ont insisté sur la nécessité de meilleures conditions pour fidéliser les travailleurs.
Une démarche saluée par les acteurs locaux
Pour de nombreux participants, ces ateliers constituaient une première : « C’est la première fois que des chercheurs reviennent partager les résultats avec nous », a témoigné un agriculteur. Le MoFA a également félicité l’équipe de recherche pour cet effort de restitution et encouragé la poursuite de ce dialogue entre science et terrain.
Certains participants ont néanmoins exprimé des préoccupations sur l’avenir du travail agricole : « Avez-vous des stratégies pour accompagner les travailleurs qui risquent de perdre leur emploi à cause de la mécanisation ? », a interrogé un producteur.
Au-delà de ces deux projets, de nouvelles initiatives comme le projet JobAgri poursuivront cette dynamique, afin de renforcer la durabilité et l’équité dans les systèmes agricoles en Afrique de l’Ouest.