Illustration. Delphine Guard-Lavastre © Cirad

Climat, cultiver les solutions

Dans cette troisième saison, six nouveaux épisodes de Nourrir le vivant vous invitent à explorer plusieurs pistes vers une agriculture plus résiliente face au changement climatique. Burkina Faso, Colombie, Sénégal, Nicaragua, Tunisie, Cambodge : embarquez pour un tour du monde passionnant !

Épisode 1 : Le sorgho, une céréale d’avenir

Première céréale produite et consommée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, le sorgho a la particularité de bien résister au manque d’eau. Une qualité qui s’avère de plus en plus indispensable dans les régions sahéliennes, et qui pourrait inspirer l'agriculture française. 

Au Burkina Faso, l’Institut de l’Environnement et des Recherches agricoles (Inera) travaille à l’amélioration des variétés locales de sorgho à travers un projet d’envergure, Abee, financé par l’Union européenne. Le Cirad y apporte son expertise en génétique des plantes et participe à la mise en réseau avec d’autres organismes de recherche sahéliens et européens. Pour les producteurs, l’enjeu devient de plus en plus urgent : l’irrégularité de la pluviométrie et les épisodes de sécheresse s’intensifient chaque année, menaçant les récoltes et la sécurité alimentaire des ménages.
 
Avec : 

  • David Pot, généticien des plantes au sein de l’unité de recherche « Amélioration génétique et adaptation des plantes méditerranéennes et tropicales » (Agap Institut) et correspondant de la filière sorgho au Cirad
  • Clarisse Barro Kondombo, sélectionneuse sorgho au sein du programme « Céréales traditionnelles » de l’Inera, au Burkina Faso

Épisode 2 : La serre des plantes de demain

Certes, le changement climatique est déjà là. Mais nombre de ses impacts ne seront ressentis que dans quelques années, et il faudra se tenir prêt. Si la concentration de CO2 dans l’air est actuellement estimée à plus de 400 ppm en moyenne, elle pourra atteindre jusqu’à 800 ppm par endroit d’ici 2050. Or les plantes se nourrissent de CO2 : comment vont-elles réagir ? Et surtout, comment étudier un effet climatique qui n’est pas encore observable sur le terrain ?

C’est tout l’objectif de la serre AbioPhen, située à Montpellier : à la pointe de la technologie, ce bâtiment permet de simuler les climats de demain et d’étudier la réaction des plantes. Des équipes du Cirad s’intéressent notamment au riz, première céréale pour l’alimentation humaine dans le monde. Avec des partenaires du Centre international d’agriculture tropicale de Colombie, les scientifiques testent différentes variétés de riz dans des conditions climatiques relevant de plusieurs scénarios du Giec. En Colombie, des essais en champs expérimentaux permettent d’élargir ces tests en milieux tropicaux contrôlés. Le but : anticiper. 

Avec :

  • Denis Fabre, écophysiologiste spécialiste du riz au Cirad
  • Camila Rebolledo, écophysiologiste et modélisatrice de cultures, affiliée au Cirad et au Centre international d’agriculture tropicale de Colombie

Épisode 3 : Sous les arbres, le café

Au Nicaragua, la hausse des températures et l’irrégularité de la pluviométrie ont rendu la monoculture du café quasi impossible. Depuis plusieurs années déjà, les exploitations associent d’autres arbres avec leurs caféiers. En agroforesterie, les températures au champ baissent et l’érosion des sols est limitée. Meilleure résilience des cultures, mais aussi apport de biodiversité et paysages restaurés : les bienfaits écologiques de l’agroforesterie sont évidents. Le bât blesse au niveau de la performance économique de ces systèmes : comment les rendre suffisamment productifs pour assurer la viabilité économique des fermes, et donc le bien-être des petits exploitants ?  

À travers le projet Breedcafs, financé par l’Union européenne, le Cirad et ses partenaires se sont attelés à développer des variétés Arabica adaptées à la culture sous ombrage, et à améliorer l’efficacité des systèmes agroforestiers. Épaulés notamment par Ecom, un important négociant de café au niveau international, les scientifiques espèrent désormais trouver des débouchés économiques intéressants pour valoriser ces méthodes durables de production de café.

Avec :

  • Benoît Bertrand, sélectionneur au sein de l’unité de recherche Diversité, adaptation et développement des plantes (DIADE) et correspondant de la filière café au Cirad 
  • Edgardo Alpizar, directeur du programme « développement durable » des activités d’ECOM, négociant de café, au Nicaragua 

Épisode 4 :  L'élevage sahélien, source d'inspiration

Dans les pays occidentaux, le bétail est souvent synonyme d’émissions de gaz à effet de serre. Au Sahel en revanche, l’élevage fonctionne différemment : transhumance, association aux cultures, importance donnée aux paysages et aux atouts des territoires… Les systèmes dits pastoraux sont généralement adaptés aux contraintes climatiques de milieux arides et semi-arides. Mais qu’en est-il de leur bilan carbone ?
Coordonné par l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), le projet Cassecs a justement pour objectif d’étudier la séquestration de carbone et les émissions de gaz à effet de serre dans les écosystèmes agrosylvopastoraux de six pays sahéliens. Et les premiers résultats renversent les idées préconçues sur le poids environnemental du pastoralisme au Sahel : le bilan carbone serait neutre, voire négatif. Pour en arriver là, les scientifiques ont dû, notamment, adapter les outils de calcul d’émissions de carbone aux races bovins et ovines locales, et changer d’échelle par rapport aux analyses effectuées dans des pays occidentaux.

Avec :

  • Paulo Salgado, agronome au Cirad, au sein de l’unité de recherche Systèmes d’élevage méditerranéens et tropicaux (Selmet)
  • Tamsir Mbaye, géographe-forestier et directeur du Centre national de recherches forestières de l’Isra