Les acteurs du marché très concurrentiel des agrumes s’organisent au niveau international pour assurer la durabilité de la filière

Avec des échanges internationaux estimés à 13 millions de tonnes en 2018, le marché des agrumes est le deuxième plus gros marché mondial de fruits, juste après celui de la banane. Alors que les dynamiques de production se renforcent, les dynamiques de croissance de marché restent faibles. Seuls les pays d’Amérique du Nord et quelques pays asiatiques voient en effet leur demande augmenter sur les cinq dernières années. Devant l’importance socio-économique de la filière pour de nombreux pays, une saturation des marchés pourrait s’avérer catastrophique.

Afin de remédier à cela, la WCO a réuni, le 5 novembre dernier, les acteurs autour de deux enjeux principaux : la transparence entre les pays producteurs sur les échanges internationaux d’agrumes ; une redynamisation des marchés grâce à la promotion des produits auprès des consommateurs. Le Cirad, en tant que secrétariat technique de la WCO, a contribué à l’événement qui, pour cette filière ultra-concurrentielle, est une première mondiale.

Améliorer la transparence entre les acteurs de la filière pour éviter la saturation des marchés

Le premier objectif que se fixe la WCO concerne la prévision des récoltes au niveau mondial. Le Cirad est ainsi mandaté pour effectuer deux fois par an une analyse des marchés et des échanges internationaux.

« Si l’on veut éviter que les marchés ne soient saturés, il faut que les producteurs sachent quels sont les volumes échangés, où, par qui, etc. , précise Eric Imbert, chercheur au Cirad et spécialiste en économie des filières. Cela leur permet de connaître les débouchés potentiels de leurs produits, et donc de prendre la bonne décision lorsqu’ils se lancent dans une variété, par exemple. »

Au niveau local, plusieurs acteurs de la filière agrumes ne sont en effet pas au fait du contexte actuel. Le marché de l’orange, par exemple, représente presque la moitié des agrumes échangés au niveau international, avec une croissance de la demande en déclin sur les cinq dernières années. La production explose pourtant dans plusieurs pays, comme en Egypte et en Turquie, accroissant par là même la pression concurrentielle et risquant de faire chuter les prix.

Promouvoir les agrumes auprès des consommateurs

La jeune WCO, qui s’est créée en février dernier à Berlin, lors du salon international FruitLogistica, ambitionne par ailleurs de se pencher sur les dynamiques de consommation.

L’exemple de la promotion de l’avocat aux Etats-Unis fait notamment cas d’école. Fruit boudé par les consommateurs il y a dix ans car considéré comme gras, l’avocat est aujourd’hui perçu comme un allié pour la santé. La richesse des agrumes en vitamines et micronutriments représente ainsi un potentiel à faire valoir.

« La crise de la Covid-19 a eu un impact positif sur les volumes de ventes de la filière , analyse Eric Imbert. Les consommateurs se tournent de plus en plus vers une alimentation saine et les agrumes bénéficient à ce titre d’une bonne image. Il faut encourager cela. »

Lire le communiqué de presse de la WCO