Elisabeth Claverie de Saint Martin : « Le Cirad croit depuis toujours à l’union des acteurs, en faveur du développement durable »

Regard d'expert 18 septembre 2020
Elisabeth Claverie de Saint Martin, directrice générale déléguée à la recherche et à la stratégie du Cirad participera aux 1res Rencontres du Développement Durable, lors de la journée du 28 septembre 2020.
Elisabeth Claverie de Saint-Martin, directrice générale déléguée à la recherche et à la stratégie du Cirad © F. Dunouau
Elisabeth Claverie de Saint-Martin, directrice générale déléguée à la recherche et à la stratégie du Cirad © F. Dunouau

Elisabeth Claverie de Saint-Martin, directrice générale déléguée à la recherche et à la stratégie du Cirad © F. Dunouau

Quel est selon vous l’enjeu clé en matière de développement durable ? L’ODD absolument prioritaire ?

Elisabeth Claverie de Saint Martin : Le mandat du Cirad est complètement inscrit dans le développement durable. Notre mission, c’est de contribuer à un monde plus durable et à la réalisation des ODD. Pour nous, cela passe par des systèmes agricoles et alimentaires qui nourrissent sainement les populations, rémunèrent décemment les producteurs, sont résilients face aux changements globaux – dont climatiques – tout en préservant la biodiversité et les ressources naturelles.

Les experts de la sécurité alimentaire placent désormais l’agriculture au centre de la santé humaine et planétaire. La crise climatique est là et la perte de biodiversité, alarmante. Il devient urgent de transformer en profondeur le système alimentaire mondial. Et ceci avec deux objectifs : assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous (ODD2) tout en inversant la dégradation des ressources en terre et en eau et restaurer l'environnement au lieu de le dégrader davantage. Combiner l’atteinte de l’ODD 2 avec celle du 13 (Changement climatique) et du 15 (Préservation des écosystèmes terrestres) est donc notre priorité.

Afin de contribuer activement au développement durable, que faites-vous concrètement au sein de votre organisation ?

E. C. : Le Cirad co-produit avec ses partenaires scientifiques et institutionnels une science que nous voulons utile, engagée et solidaire. Cette expertise est également mise à profit au-delà des régions du monde où nous intervenons (Afrique, Amérique latine, Asie du Sud-Est, zone des Caraïbes).

Notre action va du champ aux Etats et aux grandes régions du monde (par exemple le Sahel), en passant par l’échelle des villages, des vallées, des communautés. Au niveau étatique, nous accompagnons la construction de politiques publiques, du problème posé à l’élaboration de solutions. Nous pilotons et participons à plus de 800 projets par an, certains très ambitieux avec des budgets supérieurs à 10 millions €, financés par exemple par l’Union Européenne, par des Etats ou des fondations.

Sur ces sujets complexes, la parole de la science est essentielle car factuelle, étayée et rigoureuse. Nous pouvons poser des diagnostics et proposer des solutions que nous avons inventées et que nous mettons en œuvre. C’est pour cela que nous participons à ces Rencontres.

Pour mener à bien cette transition, quels acteurs doivent se mobiliser ? Pourquoi faut-il dépasser le clivage traditionnel entre secteurs public et privé ?

E. C. : Le Cirad croit depuis toujours à l’union des acteurs. C’est dans notre histoire, notre ADN, de travailler en partenariat, avec toutes sortes de partenaires : la société civile au travers de partenariat avec des ONG, les institutionnels publics, le privé via des fondations, des entreprises (expertises, transfert de technologies).

Chaque acteur a des compétences propres, ses réseaux, son périmètre. Les défis sont d’une telle ampleur qu’il faut s’allier, créer des coalitions d’acteurs engagés vers l’atteinte des ODD et notamment l’ODD 17 consacré aux partenariats.

Aujourd’hui, les défis sont globaux. Ils dépassent les frontières des pays et des régions tout comme celles existant entre les secteurs public et privé. Dans beaucoup de pays tropicaux et méditerranéens, les pouvoirs publics ont des ressources limitées. Le privé peut apporter des moyens financiers, mais aussi des compétences techniques, du matériel, etc. En travaillant ensemble, les deux secteurs peuvent offrir de plus grands bénéfices et un impact positif sur le long terme.

Le Cirad conjugue une expérience de longue durée en co-construction avec environ 100 pays et 200 institutions sur tous les continents et dans les départements français de l’outre-mer.

Cette interview a été également publiée sur le site des Rencontres 2020 du développement durable.