Les cultures associées au service des systèmes agricoles et alimentaires de demain

Science en action 17 janvier 2023
Exploiter les avantages des cultures associées pour concevoir des systèmes de culture productifs, diversifiés, résilients, rentables, respectueux de l'environnement et acceptables pour les agriculteurs et les acteurs des filières agroalimentaires : telle est l’ambition du nouveau projet européen IntercropValuES, coordonné par le Cirad et réunissant 27 organisations de 14 pays.
A l’île de la Réunion, des essais associent la canne à sucre au pois sabre blanc (Canavalia ensiformis), plante de service. © M. Cristina, Cirad
A l’île de la Réunion, des essais associent la canne à sucre au pois sabre blanc (Canavalia ensiformis), plante de service. © M. Cristina, Cirad

A l’île de la Réunion, des essais associent la canne à sucre au pois sabre blanc (Canavalia ensiformis), plante de service. © M. Cristina, Cirad

Activité exigeante en ressources, la production alimentaire est aujourd’hui confrontée à de multiples défis. La technique ancestrale des cultures associées consiste à cultiver ensemble différentes espèces et variétés de céréales et légumineuses (ou autres espèces mélangées) en même temps sur une même surface. 

« Scientifiquement reconnue comme l’une des solutions agroécologiques, elle a été majoritairement abandonnée en Europe depuis l’avènement des engrais au profit de cultures monospécifiques », analyse Eric Justes, chercheur en agronomie au Cirad et coordinateur du projet. Diversifier via les cultures associées est considéré comme coûteux et contraignant car l’ensemble des acteurs des filières sont organisés autour de procédés standardisés, afin de produire, transformer et commercialiser ces cultures monospécifiques ». 

Pour lever les barrières à l’adoption des cultures associées, une recherche-action à grande échelle vient d’être lancée à travers le projet IntercropValuES. Au cœur de ce projet de quatre ans, coordonné par le Cirad et financé à hauteur de 7,4 millions d’euros par le programme Horizon Europe de l’Union européenne, différentes innovations seront expérimentées sur trois continents (Europe, Afrique et Chine).

Innover ensemble via 13 études de cas

Comment gérer les plantes de service, qui apportent de l’azote et contribuent à maîtriser les mauvaises herbes, dans la culture de la canne à sucre sur l’Ile de la Réunion ? En quoi associer le maïs au niébé, à l’arachide ou au manioc permet d’améliorer la productivité des cultures vivrières au Mozambique ? Comment les Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) peuvent-elles adapter à moindre frais les machines pour semer, récolter et séparer les grains récoltés efficacement des cultures associées ? 

Autant de problématiques abordées parmi les 13 études de cas que prévoit le projet dans 10 pays, en Allemagne, Espagne, France (3 études de cas en : Occitanie, Pays de la Loire, Réunion), Danemark, Italie, Mozambique, Royaume-Uni, Serbie, Suède et Suisse.  

Ces études réuniront acteurs académiques, groupes d’agriculteurs et entreprises autour d’objectifs partagés et d’une démarche participative de co-innovation ambitieuse. En couvrant un large éventail de situations (filières courtes et longues, agriculture biologique et conventionnelle…) il s’agit, à terme, de développer des méthodes de production et des technologies de transformation et de valorisation des produits commercialisables. 

« Le projet réunit 27 partenaires parmi les plus compétents au monde sur le sujet des cultures associées. Il nous aidera à mieux comprendre et modéliser le fonctionnement de ces cultures afin d’offrir des solutions crédibles, efficaces et résilientes, de la fourche à la fourchette », explique Eric Justes. Le Cirad réalisera des travaux en France métropolitaine (transformation agroalimentaire et modélisation agronomique), à La Réunion et au Mozambique (cas d’étude) et au Sénégal et Zimbabwé (génétique, agronomie et sciences du sol).

Un grand potentiel de dissémination

Les résultats du projet seront ensuite largement diffusés, en adaptant les messages et les canaux aux différents usagers (agriculteurs, conseillers agricoles, entreprises de transformation, machinerie, distributeurs, citoyens, scientifiques, autorités politiques).

« Un premier niveau de partage des résultats sera celui de la communauté scientifique. Au niveau local, la diffusion à l’ensemble des acteurs du développement agricole se fera via des démonstrations sur des parcelles agricoles modèles, des formations ou encore des événements spécifiques. Enfin, grâce à un travail de plaidoyer auprès des décideurs nationaux et européens, nous espérons contribuer à réorienter les réglementations et les subventions en faveur des cultures associées », précise le scientifique.  

Partenaires d’IntercropValuES :

  • Autriche : Universitaet Fuer Bodenkultur Wien
  • Allemagne : Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universitat Bonn, Universität Kassel 
  • Belgique : Université Catholique de Louvain, Katholieke Universiteit Leuven, et International Federation of Organic Agriculture Movements European Union regional group Brussels
  • Chine :  China Agricultural University
  • France : Cirad, Ercane (Réunion), Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement, Institut National des Sciences et Industries du Vivant et de l’Environnement, et Fédération Nationale des CUMA, AgroParisTech (partenaire affilié à l’INRAE), Ecole Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole (partenaire affilié à l’INRAE)
  • Danemark : Roskilde Universitet,  Business Lolland-Falster
  • Espagne : Iniciativas Innovadoras S.A.L., Instituto Navarro de Tecnologias e Infraestructuras Agroalimentarias Sa
  • Grèce : Aristotelio Panepistimio Thessalonikis
  • Italie : Consiglio per la Ricerca in Agricoltura e L'analisi dell'economia Agraria, Rete Semi Rurali
  • Mozambique : Universidade Eduardo Mondlane
  • Pays-Bas : Wageningen University
  • Suède : Sveriges Lantbruksuniversitet
  • Suisse : Forschungsinstitut Fur Biologischen Landbau Stiftung
  • Serbie : Poljoprivredni Fakultet Novi Sad, Univerzitet U Novom Sadu